Mesurant soixante-dix-sept centimètres pour onze kilogrammes, la petite Jodie est une enfant à la silhouette amaigrie par les privations qui ont certainement ralenti sa croissance. Son seul héritage paternel se résume à sa chevelure d’un blond doré. De sa mère, elle a le nez et la forme du visage aux pommettes marquées - traits également partagés avec sa tante au demeurant. Ses yeux sont bien plus ronds et d’un bleu plus foncé, aux nuances océaniques.

C’est une fillette très active, curieuse de tout et encore majoritairement inconsciente des dangers qui l'entourent. D’un naturel peu farouche, elle ne craint pas les adultes, les autres enfants ni les animaux quand bien même ceux-ci leurs sont inconnus ; allant à leur rencontre pour délivrer ses bavardises incessantes, de son vocabulaire encore restreint et bafouillé. Elle se montre très affectueuse bien que sollicitant beaucoup d’attention en retour. D’un caractère colérique, impatiente et adepte du lancer de doudou, elle est coutumière des caprices et n’apprécie pas du tout de prêter ses jouets.

Jodie considère Clara comme sa mère - ce que cette dernière est devenue par substitution et par la force des événements - et n’hésite d’ailleurs pas à abuser de sa gentillesse et de sa patience pour la faire tourner en bourrique en bonne petite chipie. Elle adore jouer avec l’eau et a la fâcheuse manie de sucer son pouce à toute heure de la journée, encore plus pour s’endormir, est terrifiée par les orages - particulièrement le tonnerre - et les coups de feu. Bien qu’elle ne craigne pas l’obscurité, ses nuits sont souvent émaillées de nombreux cauchemars.

Jodie n’a réellement connu que le monde post-apocalyptique, de manière très passive. Beaucoup de survivants ne voyaient en elle qu’un fardeau, un poids dispensable que sa simple bouille ne pouvait attendrir. Ses principaux souvenirs et expériences marquantes se sont déroulés au sein du Refuge de Canyon Lake, où elle a pu faire la connaissance d’autres enfants d’âges variés et expérimenter ses premiers jeux en groupe. Elle s’est également montrée très attirée par les chiens et les chevaux présents sur place, curieuse et très sociable, elle considérait tout le monde comme des partenaires de jeux et ne redoutait véritablement personne. Néanmoins, si elle ne garde aucun souvenir conscient de ses parents, elle sait que Clara n’est pas vraiment sa mère, ayant l’intuition d’une absence viscérale. De la même manière qu’elle a perçu, par simple empathie, les disparitions successives liées à la seconde apocalypse, à sa façon et sans pouvoir en comprendre les enjeux.

Elle a malgré tout pu sentir ses conditions de vie se dégrader au fil de l’été 2035, jusqu’au très difficile et incompréhensible départ de Canyon Lake. Les semaines passées sur les routes furent une véritable épreuve pour elle, forcée de suivre la progression du groupe sur le dos de Jericho sans pouvoir jouer ni même se dépenser ; et cela jusqu’à l’ultime traumatisme en date, quand le groupe vestige du Refuge sera victime d’une attaque de pillards, puis d’une petite vague de rôdeurs, où elle passera plus de dix heures enfermée dans une salle de bain glauque, entourée de râles décharnés, à pleurer et appeler sa tante, convaincue d’avoir été abandonnée derrière.