Forum JDR post-apocalyptique dans un monde contemporain alternatif en proie aux zombies, à des créatures pires encore ainsi que des événements surnaturels.
Fiche de personnage Points de RP: (132/1200) Etat Mental: (100/100) Destin: (0/0) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 20 Mar - 2:31
Fiche d'identité
Prénom : Clara
Nom : Higgins
Née le : 18 Janvier 1998
À : New York
Métier : Journaliste
Particularité : Aucune
À-propos
Thème musical :
Feat : Rooney Mara Type : Survivant
Description physique
Des prunelles aux nuances vert-de-gris percent au milieu d’un visage au teint d'albâtre, un regard rehaussé par le brun prononcé de ses épais sourcils et sa chevelure lisse. Deux petites oreilles légèrement décollées s’échappent de cette dernière. La morphologie de leurs pavillons fait échos à la rudesse apparente d’une mâchoire à la base carrée dont les arêtes se joignent dans la rondeur d’un menton qui adoucit la fermeté du portrait. Ses lèvres s’opposent, la supérieure s’étirant d’une finesse réservée quand l'inférieure, plus charnue et rosée, distille une sensualité plus marquée. De leur union plus ou moins scellée peut naître un sourire espiègle, mais charmant, un rire jovial et communicatif ou au contraire un pincement très formel et sentencier. Les surplombant, un nez droit et fin, à la pointe fendue d’un sillon, divise deux pommettes assez marquées, dont un grain de beauté dominant la proéminence gauche vient briser la symétrie.
L’ensemble, aux reliefs émaciés par les privations et la rudesse, est aux commandes d’un corps amaigri d’un mètre soixante-sept. Sa peau laiteuse paraît épouser chaque courbe de son squelette et laisse ressurgir le tracé de ses veines, cintrant une musculature très sèche d’où ne saillissent vraiment que les épaules et les sillons abdominaux. Ses côtes, apparentes, cisèlent une poitrine autrefois généreuse devenue discrète, rongée par la faim. À l’inverse, ses jambes comme ses hanches paraissent relativement plus charnues et puissantes. Sollicitées par l’équitation et les longues marches, elles dessinent une silhouette galbée et supportent une démarche sûre et affirmée.
Une confiance qui transpire tout autant dans sa voix au timbre chaud, qui se veut doux et apaisé, dénotant d’autant plus de cette façade sévère et stricte que semblent affirmer ses traits ou sa gestuelle. Cette dernière se veut méticuleuse, tout en retenue, révélant à qui sait le percevoir que Clara est une maniaque qui accorde beaucoup d’importance à son apparence. Son nouvel environnement lui ayant imposé de laisser jupes et tailleurs au placard de son existence révolue pour des tenues plus acclimatées à sa survie et son quotidien, il est courant de la voir vêtue tel le parfait cliché du cow-boy Texan. Chemisiers cintrés à défaut d’être repassés - à son grand dam - et jeans serrés, une veste de cuir brun doublée de laine aussi usée que ses vaillantes bottes du même matériau, le cou engoncé dans un foulard vert foncé et l’indispensable Stetson, couleur crème, d’où s’échappent ses cheveux généralement tirés vers l’arrière en une queue de cheval, plus rarement relâchés.
Description psychologique
Nulle apparence ne saurait être plus trompeuse que celle de Clara. Forgée bien malgré elle selon les critères de sa jeunesse dorée, elle a toujours prêté grande attention à sa tenue, son apparat au point de lui donner une apparence stricte et austère, simplement froide. Bien que les conditions de vie de ce nouveau monde lui aient fait abandonner les tailleurs tirés à quatre épingles qui renforçaient cette image, sa tenue vestimentaire de cow-boy pure souche entretenue dans les moindres détails comme son allure générale, sa démarche confiante contribuent à tenir cette façade.
Son regard perçant et analytique, qui attire l’attention, pétille de cette gourmandise intellectuelle propre aux esprits tourmentés de curiosité et de questions. Mais une contemplation de ses prunelles saura dévoiler la bienveillance profonde qui anime son âme, ses pensées et ses actes. Son caractère est tempéré, sa patience paraît inépuisable. Ce n’est pas une femme impulsive qui se laisse dominer par ses émotions, qu’elle a appris à contenir et mesurer pour ne pas se laisser dévorer durant sa jeunesse. Clara est une femme douce et serviable, au sourire chaleureux et volontiers, qui ne rechigne pas à l’effort ni ne cherche à se mettre en avant.
C’est une suiveuse par excellence, ce qui la fait souvent paraître passive et effacée. Un écueil de jugement commis par nombre de ceux qui ne prenaient pas le temps de la connaître, de la croire naïve et malléable. En réalité, Clara est une femme de principes, qui s’efforce de s’y tenir avec une hargne féroce. Une fois son objectif fixé, il est pratiquement impossible de l’en détourner ou la raisonner. Elle mettra tout en œuvre pour l’atteindre. Par le passé, elle a su dévoiler sa nature belliqueuse sans recourir à la violence, physique ou verbale, usant simplement de ses connaissances et des outils judiciaires et médiatiques à sa disposition pour parvenir à ses fins, faire valoir ses principes. Des armes devenues bien obsolètes désormais, dont l’empreinte demeure.
Profondément humaniste, l’injustice, la misère humaine et la cruauté la révulsent au plus haut point. Selon elle, ceux qui détiennent le pouvoir et les moyens se doivent de protéger et aider les plus faibles. Elle condamne le vol, la corruption, le trafic d'influence, de la même manière que l’ingratitude. Elle a parfaitement conscience d’avoir été privilégiée tout au long de sa vie, remerciant les Cieux et le Seigneur pour sa chance, et a toujours estimé qu’il était de son devoir d’aider les moins favorisés en dénonçant les abus des puissants de son microcosme.
C’est aussi une des raisons qui font qu’elle est toujours très mal à l’aise avec l’idée de prendre une vie humaine, geste bien trop absolu dans ses conséquences, et que ses rares victimes hantent ses rêves et ses pensées. Car si Clara accorde une place prépondérante à la justice parmi ses grands principes, elle a beaucoup de mal à accorder son pardon, à autrui comme à elle-même, et ce malgré les enseignements et préceptes de sa foi.
Affectueuse et dotée d’un fort instinct protectionniste, devenu plus maternel au contact de sa nièce et d’autres enfants, elle aime contribuer à leur éducation quand bien même - si elle est richement cultivée - la journaliste se révèle être une pédagogue plutôt médiocre. Par extension, elle apprécie - et préfère même dans une certaine mesure - les animaux, particulièrement les chevaux, et la complicité silencieuse qui sait se nouer entre eux.
Histoire jusqu'à l'Apocalypse
Clara faisait partie de cette minorité chanceuse à qui tout semblait sourire avant même de pouvoir en prendre conscience, ou simplement voir le jour. Fille aînée de deux avocats dont le cabinet comme les affaires étaient florissants, elle ne manqua de rien durant la majeure partie de son enfance et de son adolescence. Sur le papier, son avenir demeurait déjà tout tracé par ses géniteurs. Une existence brillante et garantie sans accrocs, sans tempête ni coup dur. Sans amour également. Délaissée par ses parents depuis son plus jeune âge, son père trop accaparé par la construction de sa carrière politique et sa mère trop absorbée à le soutenir et le défendre de ses détracteurs, Clara a véritablement grandi et été élevée par les hommes et femmes de maison. Des personnes bien plus simples qui, malgré un salaire plus que généreux, la nourrirent de leurs bribes d’existences plus modestes, de leurs difficultés d'enfants comme d’adultes.
D’un naturel extrêmement bienveillant et empathique envers les autres, profondément affectée par l’injustice sociale et la détresse d’autrui, elle s’est toujours montrée extrêmement protectrice et maternelle ; particulièrement avec sa petite sœur Jena de deux années sa cadette. Si déjà, au cours de son enfance la petite Higgins commençait à ressentir un malaise profond, déchirée entre ses convictions naissantes et la triste réalité superficielle et matérialiste de son univers gangréné de fric à outrance, la déchirure s’accentua bien plus fortement au cours de son adolescence. Pourtant, cette dernière ne fut pas aussi tumultueuse que cette trajectoire aurait pu le laisser penser. Ses quelques frasques de rébellion se voulaient somme toute mesurées, considérées comme anecdotiques par ses parents qui n’y voyaient là qu’une phase tout à fait normale. Tant que leur fille n’entachait ni leurs carrières ni leurs réputations, tout allait bien dans le meilleur de leur monde.
L’aînée Higgins ne faisait pas de vagues, d’un caractère très tempéré, pour ne pas dire effacé, elle suscitait même une certaine crainte chez ses parents d’à ce point manquer de cette niaque affirmée et familiale. Très studieuse, d’une curiosité gourmande, elle n’avait guère besoin de motivations matérielles ou financières pour obtenir de bons résultats à l’école, contrairement à sa cadette. Littérature, poésie, dessin, cinéma, elle aimait affûter sa plume et son esprit. Pour autant, elle ne s’y plongeait pas au point de délaisser sa vie sociale. Entourée de nombreux amis malgré un tempérament de suiveuse qui n’était que très rarement à l’origine de leurs activités de groupe, elle appréciait le shopping et prenait soin d’elle-même. Dépensant des sommes exorbitantes en fringues des marques les plus en vogue, en séances dans les salons de coiffures et de beauté les plus huppés de la ville, garnissant sa salle de bain de produits de beauté pour chaque parcelle de sa peau, elle devint de plus en plus exigeante sur sa tenue, son langage, son image, animée d’une volonté de plus en plus farouche de se détacher de sa réputation de “fille de…” qui alimentait plus fortement, au fil des années, son malaise ressenti.
La seule véritable bouffée d’air frais, de liberté sauvage, qui ponctuait ses semaines était sa pratique hebdomadaire de l’équitation. Éloigné du rythme effréné de la Grosse Pomme, son club équestre installé sur les contreforts ruraux des Appalaches lui permettait de renouer avec la réalité d’un monde qu’elle n’entrevoyait sinon que par le prisme déformé des chaînes de télévision ou les présuppositions bancales de son univers mondain. Pratiquante depuis ses six ans, Clara devint une cavalière chevronnée sans être émérite, se nouant d’affection pour ses montures et appréciant de se salir les mains en curant leurs sabots ou en brossant leurs robes. Elle aimait tout autant discuter de tout et de rien, des sujets des plus légers et badins aux plus graves avec ses camarades de monte et les nombreux employés d’écurie, appréciait la nature plus sauvage que la civilisation n’avait pas encore su complètement gangréner.
C’était son accroche véritable à la réalité, son cocon personnel qui nourrissait paradoxalement, au fil des semaines, des mois et des années, son dégoût de plus en plus prononcé pour le monde qui l’avait vu naître et grandir. Les soirées mondaines la révulsaient de plus en plus, les manigances politiques de son père devenu sénateur, les pots-de-vin, la corruption, les lobbies et “services rendus et renvois d’ascenseur” dont elle avait appris à discerner la subtilité ; l’inaction généralisée quand la criminalité s’intensifiait dans le pays, que les gangs régnaient sur les quartiers les plus pauvres et pourrissaient la vie des moins fortunés. Sa propre sœur qui nageait avec toujours plus d’aisance dans ces eaux infestées de requins, affûtant ses ambitions carnassières quand Clara avait le sentiment de s’y noyer.
Le tempérament de l’aîné Higgins s’endurcissait dans son silence, sa contemplation méticuleuse qui fomentait son avenir et ses propres ambitions. Le sentiment d’injustice, révolté et belligérant, gonflait plus fortement et la dévorait de l’intérieur. Peu à peu, elle se détachait de son cercle d’amis, bien moins à l’aise avec la surenchère perpétuelle. L’argent de ses parents ne lui servait plus autant à soigner son apparat ou se tenir à la dernière mode. Une grande partie se trouvait épargnée, pour le jour venu où elle trouverait enfin la force de claquer la porte et tourner le dos à ce monde. En attendant, elle continuait de forger sa patience et ses armes. Seule son annonce de vouloir embrasser une carrière de journaliste au détriment d’une carrière de droit ébranla ses parents. Néanmoins, ils concédèrent à continuer de la soutenir, le sénateur comme sa femme estimant qu’à une époque où les médias prenaient toujours plus d’ampleur et gagnaient en influence, il pouvait être judicieux d’avoir l’appui d’une journaliste.
Ainsi du haut de ses dix-huit ans, Clara n’avait pas encore complètement dévié du chemin tout tracé. Sa vie sur le campus de l’université de Columbia où elle étudiait le journalisme lui permettait de prendre un certain recul d’avec sa famille et cet environnement qui l’intoxiquait. Par ailleurs, à la différence des écoles privées fréquentées jusqu’à lors dont les élèves étaient tous plus ou moins issus du même microcosme que le sien, elle nouait désormais des liens avec des étudiants venus d’origines bien plus modestes, dont les parents se saignaient pour offrir une échappatoire plus enviable à leur progéniture. Peu à peu, la jeune femme s’émancipait sur le campus, refaisant le monde en compagnie d’autres étudiants, d’autres points de vue également. Elle parvenait enfin à parler à cœur ouvert sur ses sentiments, se dévoilait, affirmait ses principes. Elle y connaissait aussi ses premiers amours, ses premières débauches, ses premiers débats. Elle commença à prendre part à certaines manifestations sociales qui dénonçaient les injustices et les inégalités, et de nombreuses marches blanches dédiées aux victimes des guerres de gang.
Friande des réseaux sociaux, elle s’exprimait et relayait les infos qui accablaient la “haute société” dont elle était issue. Le retour de bâton n’avait cependant pas tardé à se faire sentir quand deux années plus tard, un premier scandale de son sénateur de père éclata au grand jour et éclaboussa son nom. S’il fut bien rapidement étouffé par la machinerie bien huilée des pots-de-vin et bonnes relations ; qu’avait donc à dire la fille du sénateur pour sa défense, elle qui n’était qu’un produit dérivé de ceux sur qui elle avait tant craché ?
Clara comprit que ses mots, ses actes, les valeurs qu’elle défendait pourtant avec passion et sincérité, ne seraient jamais pris au sérieux tant qu’elle n’aurait pas fait preuve de son engagement. Elle cessa donc de s’exprimer sur les réseaux sociaux, se focalisant sur ses études, mais aussi sur son avenir, se mêlant à nouveau avec la jeunesse dorée originelle, grappillant quelques bribes d’informations, nouant des contacts et des relations telle une petite fille modèle bien dévouée à la cause familiale. Tout en façade tel qu’on lui avait appris à le faire. La situation lui était détestable au possible, et malgré leur proximité de toujours, les deux sœurs Higgins commençaient à s’opposer également. L’humanisme de l’aînée ne parvenait pas à trouver résonance chez la cadette.
Discrètement, elle avait investi une bonne partie de ses économies pour s’offrir un appartement à Austin et commencé à prendre contact avec un petit cabinet d’avocats dédié à la défense sociale et environnementale sur place. Un projet naissait sur le territoire Texan, qui gagnait peu à peu en notoriété à travers l’ensemble du pays. “Our Eternal Nature”. Bien que complètement étrangère à celui-ci, elle commença à relayer les informations qui concernait le projet écologique parmi son cercle restreint de relations.
Septembre 2021, son diplôme obtenu quelques mois auparavant, ses parents avaient joué de leurs relations pour dégoter à leur aînée un poste de pigiste au sein du New York Times. Ils insistaient lourdement, sous couvert de menaces à peine voilées face à son refus entêté, à ce qu’elle accepte le job. De sa droiture rude et maniérée, elle les envoya chier définitivement avec toute la rancœur contenue et cultivée depuis des années. Elle serait journaliste free-lance, et veillerait à dénoncer tous les pourris dans leur genre, toutes leurs manigances, jurant devant Dieu avec toute la ferveur de son idéalisme de les envoyer moisir en taule, eux et tous ceux qui abusaient du système pour servir leurs intérêts plutôt que la nation et ses citoyens. Les mots volèrent, les insultes fusèrent, et Clara finit par claquer la porte du domaine familial.
D’un aller simple, elle rejoignit Austin où sa nouvelle vie l’attendait. Indépendante, elle vécut tout d’abord de ses économies et de quelques articles réalisés pour le compte de quelques quotidiens locaux. Elle avait purement et simplement coupé les ponts d’avec sa sœur et ses parents, ne gardant le contact qu’avec quelques anciens étudiants de Columbia, via de faux comptes sur les réseaux sociaux. Au fil des mois, elle s’était rapprochée du cabinet d’avocats avec qui elle gardait contact depuis quelques années, les aidant à monter un dossier sur ses géniteurs et leurs malversations. Si les armes des Higgins se retournaient peu à peu contre eux, la jeune femme n’en faisait pas moins profil bas et commençait à se focaliser sur sa vie privée.
Si elle n’avait connu que quelques relations amoureuses qui s’étaient conclues en ruptures, sa situation personnelle se stabilisa au cours de l’année 2025 avec la rencontre d’Aaron. Un palefrenier employé du ranch où l’aînée Higgins continuait de pratiquer l’équitation et dont elle avait fini par se rapprocher au fil des mois. Cette même année, Clara obtint un poste fixe de journaliste au sein d’un plus grand journal, The Texas Tribune qui lui permit de s’investir avec plus de moyens dans le journalisme politique. Elle pouvait notamment couvrir l’avancée du projet “Our Eternal Nature” dont les répercussions médiatiques et sociales devenaient un sujet de société au sein de l’entièreté de l’État, d’autant que celui-ci n’était pas exempt de quelques malversations d’élus à mettre en lumière.
Le jeune couple fila le parfait amour durant deux ans, avant d’être éraillé par l’avènement de deux fausses couches l’année suivante qui obscurcirent de nuages tempétueux un ciel jusque-là radieux de bonheur. Clara se sentait coupable, impuissante à donner naissance à un enfant pourtant désiré, se refusant à l’idée de retenter l’expérience. Déprimée, elle se jeta corps et âme dans le travail en guise d’échappatoire, d’autant que le dossier monté contre sa famille était presque achevé. Elle avait suivi, et d’assez près, la carrière de sa carnassière de frangine, bien décidée à utiliser son égoïsme et ses ambitions pour la retourner contre ses parents. Un investissement qui ne fut pas sans conséquences quand Aaron, las d’être relégué au second plan derrière les obsessions professionnelles de sa compagne, la quitta. Un nouveau coup dur qui ne fit qu’enfoncer un peu plus l’aînée Higgins dans les spirales de ses investigations.
2028. Année préélectorale charnière pour la présidence du pays, quand le mandat en cours avait vu se développer une vague de criminalité et des affrontements sans précédent. Une élection attendue par beaucoup, que Clara allait suivre avec beaucoup d’intérêt quand la rumeur enflait que son père briguait la candidature républicaine. Clara estima donc que le temps était venu de mettre fin à la mascarade. Le procès fut long - bien plus que le tapage médiatique tonitruant, mais éphémère qui l’accompagna - et s’étirant sur deux années de procédures mentalement épuisantes pour Clara. Mais il se conclut sur une victoire, sa revanche, une nomination pour le Pulitzer 2031 dont elle ne sera pas lauréate. Une reconnaissance dont elle se moquait bien tandis qu’elle renouait relation avec sa sœur qui, comme escompté, avait rapidement vendu leurs parents pour sauver sa peau.
L’aîné Higgins s’était fait un nom comme journaliste d’investigation, s’assurant une place et un salaire confortable au sein du Texas Tribune. Mieux encore, elle pouvait désormais s’enorgueillir d’être enfin prise au sérieux, particulièrement sur les réseaux sociaux. Bien évidemment, sa toute fraîche notoriété ramena dans son giron nombre de ses anciennes connaissances de Columbia qui cherchaient à se tailler une place dans son cercle de relations. Malheureusement pour eux, le caractère de Clara s’était enfin pleinement affirmé, et la journaliste commença à recentrer son investissement professionnel après cette éreintante croisade judiciaire et médiatique.
Très ironiquement, sa sœur Jena avait trouvé un emploi de chargée de communication pour le compte du ministère de la Justice d’Austin, dans cet “arriéré Texas” comme elle le répétait si souvent, et avait fini par s’enticher d’un flic de la DEA. L’aînée Higgins pour sa part enchaînait les histoires sans lendemain via des applications de rencontres, de plus en plus absorbée par son travail et l’intérêt grandissant que portait toute la sphère médiatique à l’encontre des sectes qui pullulaient dans le pays. Elle passa les trois années suivantes à démêler le vrai du faux parmi les rumeurs et les théories du complot qui allaient bon train sur les réseaux comme dans les esprits. Obsédée par sa quête de vérité, elle ne prêta pas vraiment attention aux dernières rumeurs en provenance de Californie. Mais celles-ci n'allaient pas tarder à lui éclater à la gueule.
Clara avait rejoint sa sœur, son beau-frère William et sa nièce Jodie quelques jours avant que l’État ne déclare la quarantaine, quand les services publics fermaient les uns après les autres. La décision avait été prise de quitter la ville d’Austin. Clara proposa de partir vers le Mexique, mais finit par se raviser face à l’insistance et aux arguments de son beau-frère. Alors la petite famille partit vers le Nord-Ouest, à contre-courant des mouvements de foule majeurs qui se dirigeaient vers les côtes méridionales de l’État. Durant le périple, ils ne comptèrent plus les immenses colonnes de véhicules et d’émigrants dont ils faisaient pleinement partie. Une goutte d’incompréhension ballottée dans un océan de chaos et d’incertitudes. Les informations en provenance de la part du Gouvernement ou des autorités dataient de plusieurs semaines pour les plus fraîches. Les rumeurs étaient folles, le fléau indiscernable, la raison parcellaire. Le périple dans le SUV familial dura des jours, jusqu’à atteindre la ville de San Angelo où des soldats s’étaient organisés sur une base de l’USAF et l’avaient transformée en camp de réfugiés.
Les civils s’y entassaient dans un amalgame de tentes aux teintes bariolées, sous le commandement d’une militarocratie certainement bien habituée à gérer les zones de conflits. Les militaires réquisitionnèrent tout ce qui leur parut utile. Véhicules, nourriture, médicaments, armes. Ils imposèrent un rationnement et une organisation stricts, envoyant civils sous les ordres de soldats fouiller la petite ville afin de rassembler le plus de ressources possibles. Clara était déboussolée, anéantie par la détresse humaine qui la submergeait. Les enfants en pleurs, les adultes apeurés, les esprits échauffés qui ne supportaient pas la main mise des soldats sur les biens communs. Les tensions gagnaient en puissance, alimentées par les rumeurs les plus folles et terrifiantes, auxquels les gradés n’avaient d’autres réponses qu’un vague “tout est sous contrôle.”
Clara ne pouvait pas le croire, pas plus que sa sœur et son beau-frère qui s’évertuaient à participer aux tâches et sorties quotidiennes en compagnie de soldats. Clara restait de son côté avec sa nièce tout juste âgée d’une année. En proie à la peur, à l’isolement malgré la population débordante du camp de réfugiés. L’été était étouffant, les réserves d’eau parvenaient à peine à suffire, les plus fragiles tombaient comme des mouches sous la chaleur accablante à l’intérieur du campement. Et de moins en moins de volontaires revenaient de l’extérieur. Les morts pullulaient, la maladie progressait jusqu’à devenir à ce point écrasante que la seule issue était la fuite. Les premières hordes mettaient à mal les barricades défendues par des soldats qui ne manquaient pas de munitions les premiers temps, mais la débâcle était inexorable.
William et Jena n’étaient pas revenus de leur expédition quand la dernière vague déborda les défenses des soldats, et la journaliste n’eut d’autres choix que de fuir avec sa nièce. La débandade donnait au chaos toute l’ampleur de sa définition. Les éclats de tirs, les hurlements des chairs déchirées qui dominaient les cris de panique. Les vivants se bousculaient, les non-morts se mêlaient à eux pour les dévorer. Et Clara courait, le bébé hurlant à pleins poumons écrasé contre sa poitrine. Le sang souilla son visage et ses habits, dilué par ses larmes paniquées. Elle ne voulait pas penser à son origine. Pas plus qu’elle ne voulait penser aux sorts de Jena et William. Elle qui l’avait tant cherchée, voilà que la vérité l’effrayait.
De cet épisode chaotique, Clara n’en gardera que très peu de souvenirs, excessivement confus. Elle ne se souvenait pas de comment elle avait fini par atterrir à l’arrière de ce pick-up qui avait roulé tambour battant jusqu’à gagner la rase campagne Texane. Seule la silhouette de cette ferme isolée se détachant contre l’horizon crépusculaire constituait le point de départ de sa nouvelle vie. Plus marquant encore était le souvenir tonitruant de ces détonations qui avaient fait changer le titre de propriété d’une main sanglante. Clara avait protesté face aux meurtres commis par ceux qui l'avaient recueillie, avant de la faire taire en la menaçant du canon de ce même fusil. Elle n’avait pas dormi cette nuit-là. Et ne le ferait que très peu les nuits suivantes.
Fiche de personnage Points de RP: (132/1200) Etat Mental: (100/100) Destin: (0/0) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 20 Mar - 2:38
Quelle(s) zone(s) de l'État votre personnage a fréquenté ?
Après la fuite de San Angelo, Clara aura trouvé refuge dans une ferme isolée du côté d’Eden en compagnie de quelques rescapés de la débâcle. Néanmoins, les relations tendues et les incompatibilités de caractère feront qu’elle partira en compagnie de Jodie, sa nièce, vers le sud de l'État, toujours animée par sa volonté de gagner le Mexique. Livrée à elle-même une poignée de jours durant, elle fera rapidement la rencontre d’un autre groupe de réfugiés bien plus charitables qui les accueilleront du côté de Menard.
La perspective de l’hiver et de la faim les contraindra à prendre la route, autant poussés par les rumeurs d’un refuge au nord de San Antonio que les sévices d’un groupe d’esclavagistes, les membres restants de ce groupe iront poser leurs valises du côté de Canyon Lake, entre Austin et San Antonio. À défaut d’être un véritable refuge sécurisé, ils tomberont sur un groupe plus conséquent et organisé au sein duquel Clara, Jodie et les autres demeureront jusqu’à la fin Octobre 2035, lorsque la seconde apocalypse les rattrapera.
Rejetées sur les routes, Clara, Jodie et une dizaine d’autres survivants tenteront donc de rejoindre Houston, courant après les rumeurs de plus en plus répétées d’une SafeZone providentielle. Un voyage qui durera les semaines suivantes, émaillé de conflits et de concessions nés de la nécessité d'avancer tout en pouvant se reposer.
Dans quel(s) groupe(s) votre personnage a-t-il évolué ?
La Ferme d’Eden.
Clara et Jodie ont d’abord survécu en compagnie d’un petit groupe de sept survivants très hétéroclites, rescapés de la débâcle de San Angelo. Menés par deux frères particulièrement antipathiques et paranoïaques, ils se sont approprié les lieux en tuant les propriétaires sans état d’âme. Malheureusement leurs caractères belliqueux, tyranniques et leur logique ultra-survivaliste les pousseront à congédier Clara, surtout à cause de la présence de sa nièce.
L'Aérodrome de Menard.
C’est au terme d’un périple de quelques jours que Clara, affamée et épuisée, fera la rencontre d’un duo de survivants installés dans les hangars de l’aérodrome de Menard. Composé d’une quinzaine d’âmes, ces derniers sauront mettre à profit les infrastructures existantes pour se préserver des menaces les plus courantes. Les immenses étendues bordant les pistes feront l’objet de quelques tentatives d’agriculture et serviront de pâture à quelques têtes de bétail, cochons et volailles trouvés çà et là dans les environs. Clara s’intégrera au groupe et participera aux excursions dans la ville voisine, apprenant à manier quelques armes blanches pour se débarrasser des rôdeurs. Le groupe grossira en effectifs, à mesure de l’accueil de quelques rescapés errants. Elle y apprendra également les rudiments des premiers secours de la part d’une aide-soignante présente au sein du groupe. Cependant, l’arrivée de l’hiver, les hordes grossissantes dans les rues de Menard couplées à la raréfaction des ressources vitales dans une si petite ville et la menace d’un groupe de bandits esclavagistes auront raison de la viabilité du groupe, qui se voit contraint de prendre la route fin Novembre 2034. Certaines des dernières personnes accueillies faisaient mention d’un refuge quelque part dans les environs de San Antonio.
Le Refuge de Canyon Lake.
Clara et les siens finiront, à la mi-Décembre, par trouver ce fameux refuge, installé sur les restes d’un village-vacances bordant un lac de retenue nommé Canyon Lake. La communauté comptant pas loin de quatre-vingts âmes paraît bien plus organisée et ne manque pas de ressources. Survivant principalement des fruits de la chasse et de la pêche grâce aux eaux généreuses et profondes du lac entourées de forêts, la proximité des banlieues de San Antonio offrit aux divers pilleurs de la communauté une source considérable de ressources à exploiter en dépit du danger. Malgré les pertes humaines en excursion, la communauté gagnera encore en effectifs et finit par consolider sa réputation d’être un véritable refuge, ébauche d’un espoir renaissant.
Clara sera mise à profit à sa manière, s’occupant des enfants de tout âge présents en faible nombre au sein du Refuge. Sa douceur et sa patience naturelles la feront s’intégrer sans trop de difficultés et nouer de bonnes relations parmi les autres survivants. Elle y apprendra également à pêcher et à chasser à l’arc et à l’arbalète aux côtés de quelques survivants bien plus chevronnés. Durant le mois de Février 2035, le groupe parviendra à mettre la main sur un groupe de chevaux rendus à leur liberté sauvage, menant de multiples sorties pour parvenir à les capturer et les réapprivoiser. Clara participera à former à la monte les survivants désireux de l’apprendre.
Toutefois, le Refuge connaîtra aussi son lot de visiteurs indésirables et belliqueux, dont un groupe rival et assez conséquent installé aux abords de San Antonio qui estime que la communauté de Canyon Lake empiète sur son territoire. De nombreuses escarmouches opposeront les deux communautés, incapables de s’accorder ou simplement s’entraider, provoquant de précieuses pertes dans les deux camps. C’est au cours de l’une d’elles que Clara commettra son premier homicide. La survie continuera ainsi, avec ses hauts et ses bas, ses moments douloureux et joyeux, jusqu’en Mai 2035.
Les pilleurs de la communauté connaissaient de plus en plus de pertes parmi leurs effectifs, faisaient mention de zombies coureurs à la vivacité et la force fulgurante. L’inquiétude se propagea rapidement au sein du Refuge qui, pour la première fois de son existence, voyait sa démographie mensuelle baisser. Les excursions des pilleurs se firent plus rares, mais avec des effectifs plus importants sur des périodes de plusieurs jours. Lorsque l’une d’elles ne revint pas, on craignit tout d’abord une embuscade de la communauté rivale, et une délégation de quelques survivants endurcis et dirigeants du groupe se risqua à aller négocier avec leurs ennemis. Ils en revinrent terrifiés. Leurs ennemis n’étaient plus ; leur campement, une boucherie sanglante.
De rares âmes errantes rejoignirent le Refuge durant l’été, toutes porteuses de la même rumeur. Quelque chose massacrait les gens, la nuit, avec une violence inouïe. Bien rapidement, le qualificatif de “Chasseur Nocturne” circula dans toutes les bouches, et les questions sur l’avenir du Refuge avec lui. À la fin Octobre et face la perspective de l'inéluctable, la décision - fortement contestée mais à laquelle Clara donnera sa voix - fut prise de disperser la communauté en groupuscules plus petits, chacun avec l’objectif de rallier les différentes et hypothétiques SafeZone dont les bruits d’existence couraient. Austin, Houston, Laredo, Corpus Christi, voire Dallas.
Les Vestiges du Refuge.
Clara se sera donc vue rattachée dans le groupuscule devant chasser la rumeur de Houston au terme de longs jours de préparatifs. Les au revoir furent particulièrement déchirants pour Clara qui laissait derrière elle nombre des gosses auxquels elle avait fini par s’attacher, et autant de bons amis. Puis le groupe se mit en route vers un avenir des plus incertains. La progression était lente, les rares chevaux, montés par les enfants et chargés de l’essentiel, marchant au rythme des piétons. Les escales étaient nombreuses et dangereuses. Chaque jour, il fallait sécuriser un nouvel endroit de ses occupants décharnés, et le fortifier pour la nuit. Les silences nocturnes étaient affreusement pesants pour Clara dont les rêves ne cessaient d’être visités par les fantômes de ses victimes.
À trois reprises, le groupe marqua une halte de plusieurs jours auprès d'autres groupes tout aussi désespérés et abattus, sinon plus. Des rencontres hasardeuses et tendues, qui auraient certainement mal finies si la menace des coureurs et surtout des chasseurs nocturnes n'était pas aussi élevée. Un bon moyen pour les réfugiés de Canyon Lake de retrouver leur souffle, reprendre des forces, et pour les chasseurs et pilleurs - que Clara avait rejoints plus par nécessité que par engouement - de fournir de quoi préparer la prochaine étape. Une bouffée d'espoir pour leurs hôtes qui n'y croyaient plus vraiment. Les chefs de groupes se voulaient minutieux, planifiaient chaque étape, chaque déplacement, rationnaient denrées et munitions, les épaules écrasées par leurs responsabilités et les vies qu’ils avaient à charge. Des tensions et des concessions. C'était le prix à payer pour chaque partie afin de goûter à un peu d'espoir.
L’urgence était plus que palpable, le rythme de marche soutenu, infernal. La survie se voulait de plus en plus dure, la peur et la paranoïa - des monstres et des hommes - échauffaient les esprits. Le nombre de survivants diminuait chaque semaine passée sur les routes, quand certains abandonnaient purement et simplement ce qu’il qualifiait d’une quête insensée et suicidaire. Si Clara était de leur avis dans les moments les plus difficiles, elle refusait néanmoins d’abandonner, pour sa sœur, pour sa nièce, la petite Jodie, qui méritait de sa part tous les efforts et tous les sacrifices. Quand bien même ils ne seraient pas suffisants.
Comment votre personnage a vécu la seconde apocalypse ?
Si Clara n’a jamais croisé de Coureurs - et encore moins de Chasseurs Nocturnes, cela va de soi - au cours de ses rares excursions, il n’en demeure pas moins qu’elle en a ressenti les conséquences, l’angoisse de cette force écrasante et terrifiante dont la rumeur se voulait au moins aussi destructrice que la réalité. Car il n’y avait pas de fin à celle-ci. La paranoïa, le doute, l’attente avait peu à peu grignoté le moral des survivants du Refuge de Canyon Lake. Clara n’y avait pas fait exception, malgré sa bienveillance naturelle et sa propension à rassurer les autres. Elle-même avait fini par être usée de son avènement insidieux.
Elle avait pleuré les nombreux disparus qui n’étaient jamais revenus des excursions hors du Refuge, probablement fauchés par les Coureurs, ou les Chasseurs. L’absence de certitudes à ce sujet la dévorait, érodant son mental qu’elle pensait pourtant fort. Elle craignait pour les siens, pour sa nièce, pour elle-même.
Et la route vers Houston ne fit qu’accentuer ce sentiment. La confiance qu’ils avaient acquise au cours des derniers mois, parvenant avec toujours plus d’aisance à se jouer des rôdeurs quand elle ne pouvait simplement pas les éliminer, user de quelques ruses primitives quand la force ne suffisait pas, à préférer craindre les vivants plutôt que les morts. Le vent avait de nouveau tourné, et certaines alliances s’étaient forgées face à cette adversité. Les bandits et pillards de la veille étaient devenus les compagnons - peu fiables certes - d’aujourd’hui. Une nouvelle forme de solidarité désespérée était tombée sur son groupe, et sur elle aussi.
Et cela jusqu’à ce début de Décembre 2035, quand les derniers rescapés de cette caravane hétéroclite se trouvaient aux portes de la banlieue de Houston. Quand Clara, désormais la meilleure cavalière du groupe, se porta volontaire pour faire un aller-retour galopant vers l’emplacement supposé de la SafeZone, au sud de Houston. Elle et deux autres hommes issus d'un autre groupe avec leurs montures. Avec la proximité de la ville, les rumeurs avaient enflé, s’étaient affinées en précision de la part des trop rares survivants croisés. Si but il y avait, il n’était plus qu’à une ou deux journées de chevauchées. Un claquement de doigts à l’échelle de leur périple. Mais les survivants ne pouvaient plus contenir leur impatience qui avait pris le pas sur la raison. Même son leader à la tête si froide n’avait pas tergiversé très longtemps à la proposition de la journaliste, puis capitulé face à la proximité, cédant à son propre appétit d’espoir. Ils devaient savoir qu’ils n’avaient pas enduré tout cela en vain.
Alors Clara avait chevauché avec ses compagnons. Le foulard noué autour de la gorge, son chapeau de cow-boy vissé sur sa tignasse graisseuse qui flottait au vent. Pour la première fois depuis des mois maintenant, elle avait la charge d’une mission. Elle ne pouvait plus se réfugier dans sa posture de suiveuse, elle menait le duo masculin et ses épaules engoncées dans sa veste en cuir en ressentaient pleinement la pression. Les bottes fermement ancrées dans les étriers, les jambes tendues, son bassin oscillant en rythme avec le galop de Jericho, elle se sentait portée par son impatience, sa curiosité. Elle avait consulté la carte à plusieurs reprises, refusant de perdre plus de temps, de se tromper.
Le trio d’éclaireurs avait dû se réfugier pour la nuit dans un entrepôt abandonné. Le sommeil n’était pas vraiment venu. L’excitation était palpable, les cavaliers étaient nerveux, leurs montures le ressentaient. L’angoisse aussi dominait. La crainte que les Chasseurs Nocturnes ne les trouvent et les dépècent si près du but. Clara avait joint les mains avant de dormir, adressant une prière à son Créateur.
Mentionnez des moments forts de la survie de votre personnage :
Le nouveau monde a su marquer Clara de bien des façons. Si la fuite d’Austin se voulait intense, elle n’était rien face à la débâcle de San Angelo. Profondément affectée tant par la misère humaine qui y régna durant ses quelques semaines de présence, jusqu’à l’hécatombe qui la poussa à fuir. La journaliste fut bien évidemment dévastée par la perte de sa famille, à savoir Jena et William, mais aussi profondément inquiète face à sa responsabilité de tante devant jouer les mères de substitution. Si elle avait jalousé sa cadette d’avoir réussi à enfanter quand elle-même avait échoué, la présence de Jodie fut un véritable défi pour elle, qui n’était pas préparée à cela, encore moins dans ce nouveau monde regorgeant de dangers et de prédateurs aux natures différentes.
Mais tout ne fut pas noir. Son arrivée à l’aérodrome, puis au Refuge de Canyon Lake marqua des épisodes d’un intense soulagement pour Clara. Trouver des survivants non hostiles, charitables comme elle se le voulait elle-même, renouant avec l’espoir à chaque fois. Elle y avait connu un véritable repos, noué des amitiés fortes, car constamment menacées, quelques aventures aussi. Il y avait eu les premiers pas de Jodie, ses premiers mots s'extirpant du reste de ses babillages. Le premier “Maman” en rappel de ce statut volé. Elle s’était enrichie également, avait trouvé une place dans un monde qui aurait dû l’avaler et la recracher mortifiée, journaliste inutile qu’elle était devenue. Peu à peu, non sans difficulté, elle s’était adaptée, s’était renforcée. Apprenant à pêcher, chasser, petites victoires que constituaient sa première prise ferrée, son premier daim abattu. Il y avait eu Jericho, un des chevaux recueillis dans le Refuge, un docile Paint Horse à la robe pie Overo. Elle s’était attachée à ce cheval plus qu’à tout autre et avait noué avec l’équidé une complicité solide et une sincère affection. Bizarrement, et malgré la présence de nombreux survivants, les quelques heures passées à prendre soin de son cheval lui apportaient un véritable réconfort.
Mais aucun de ses moments de joie ne pouvait être comparable au dernier vécu, le sept Décembre quand elle se tenait là, sous le soleil à son zénith projetant son ombre maigrelette sur le toit de ce petit immeuble de banlieue, les yeux collés aux oculaires de ses jumelles. Au loin se dessinait l’ultime but de ce voyage éreintant. Les murs hauts, le destroyer qui mouillait dans la baie, le pavillon états-unien battant au vent, l’étroite silhouette d’une barque à rames fendant les eaux de la West Bay de Galveston. Les larmes lui étaient montées aux yeux, jusqu’à déborder de ses paupières et mouiller ses joues. Son estomac se relâcha d’un point colossal qui lui avait jusqu’à lors comprimé les tripes. L’air ambiant lui avait paru comme allégé. À elle, à eux trois qui se gratifiaient de franches accolades, riant même parfois, soupirant, exultant tout simplement.
Tout comme le soufflé était retombé quelques instants plus tard, quand les deux hommes avaient décidé de ne pas rebrousser chemin. De poursuivre vers la SafeZone à quelques heures de chevauchée seulement. Le sentiment de trahison. Un coup de lame dans cet abdomen encore nébuleux quelques secondes auparavant. Comment elle avait haussé le ton, menacé, supplié ces deux types de ne pas la laisser repartir seule, invoquant la solidarité, la détresse du reste du groupe qui attendait leur retour en arrière. Jodie qui était avec eux. Ils n’en avaient rien eu à foutre. Ils l’avaient planté là, sans considération, poussés par leur seul égoïsme, leur désir d’en finir avec tout ça. Clara n’allait pas se mentir, l’idée l’avait effleurée aussi, de manière éphémère, mais pas inexistante. Si ce n’avait été pour sa nièce, elle les aurait certainement accompagnés.
Mais sa seule famille était encore là-bas, aussi se résolut-elle à repousser l’échéance pour mieux la savourer ensuite, entourés de ses amis. La journaliste s’imaginait déjà les retrouvailles, le soulagement, la félicité qui gonflerait leurs cœurs. Alors elle monta Jericho et repartit dans le sens opposé, jusqu’au lieu de leur précédente halte nocturne et angoissante, dont la nuit fut aussi longue et harassante que la veille. Elle avait poussé sa monture à l’excès, forçant l’allure de cette pauvre créature à la docilité bien éprouvée pour regagner les vestiges de son groupe.
Au sens littéral cette fois-ci. Clara n’eut droit à aucun accueil triomphant et chaleureux, aucun visage familier pour lui servir un maigre repas mérité, ni même la satisfaction de lire dans leurs prunelles l’étincelle d’espoir dont elle venait raviver le brasier. Simplement la mort, et la désolation la plus abjecte. Il y avait eu des combats, des échanges de tirs certainement. Le repaire des siens avait été pillé de l’ensemble de ses ressources, leurs cadavres délaissés dévorés par la dizaine de charognards des environs certainement rameutés par la fusillade, puis les pleurs. Leurs râles qui ne pouvaient couvrir les cris de détresse de sa nièce.
Clara était terrifiée, désemparée. Le choc était bien trop rude pour seulement être admis et encaissé sans se sentir aspiré dans un vortex d’une colère sourde et aveugle. La rage, la crainte viscérale pour la petite, ou l’anéantissement de ce qui lui restait d’espoir après l’avoir poussée à puiser dans ses maigres ressources physiques et mentales. Elle s’était débarrassée des rôdeurs de quelques traits d’arbalètes ou coups de poignard, prenant des risques inconsidérés, mais nécessaires, pour se porter à la rescousse de sa chair larmoyante. Elle avait fini par la retrouver, enfermée dans la salle de bain, ses petites mains refermées sur la manche du leader du groupe qu’elle secouait avec insistance en l’appelant. Blottie contre le cadavre qui s’était réfugié là, condamné, un morceau d’avant-bras arraché par un rôdeur. Il s’était foutu une balle dans la tête pour ne pas risquer de dévorer dans son outre-vie la gamine qu’il avait sauvée d’un funeste destin.
Le soulagement avait brièvement submergé la journaliste, se jetant à genoux pour serrer la petite dans ses bras, se confondant en excuses bafouillées, ses propres larmes débordant une fois encore, pour d’autres raisons. Elle avait emporté la gamine au-dehors après avoir fouillé les réserves, malheureusement dépouillées, du refuge. Tout comme elle avait vomi le maigre contenu de son estomac - essentiellement une bile amère - en contemplant le massacre. Ils étaient si proches. Tellement près du but. C’était injuste. Le sentiment avait un arrière-goût poisseux, crasseux. Très étouffant pour l’aîné Higgins qui ne l’avait jamais supporté. C’était là toute la cruauté du monde qui frappait, offrant un espoir, une victoire, pour ensuite l'écraser sans vergogne.
Qu'est-ce que votre personnage a fait pour survivre ?
Clara s’est toujours estimée relativement chanceuse dans les malheurs de sa survie, n’ayant rien vécu des récits beaucoup plus moribonds que pouvaient lui raconter ses compagnons d’infortune. Certes elle a connu la faim, la soif, la fatigue à vouloir dormir à même le sol, à se laisser en pâture du premier rôdeur de passage. Elle a connu l’angoisse et l’appréhension de prendre une non-vie tout d’abord, la peur de la maladie, de l’infection qu’elle a appris à surmonter à force de pratique imposée par le nouveau monde. Puis sa première victime bien humaine, bien consciente, qui avait agonisé de longs instants quand son sang s’échappait de sa jugulaire trouée par un carreau d’arbalète. Comment ses pieds, ses jambes, s’étaient agités de spasmes et soubresauts alors que son corps luttait contre l’inéluctable. Comment elle avait contemplé son visage si juvénile, que seul le manque d’hygiène courante vieillissait de quelques années. Comment ce visage n’en finissait pas hanter ses rêves, aux traits parfaitement nets les premières semaines, qui se floutèrent quand d’autres le rejoignirent. Clara n’en a jamais été fière, n’en a jamais ressenti le moindre accomplissement ni la moindre gloire ou satisfaction. L’excuse même du “eux ou nous” lui était difficile à accepter. Elle n’était pas femme à pardonner. Ni les autres ni elle-même.
Fiche de personnage Points de RP: (132/1200) Etat Mental: (100/100) Destin: (0/0) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 20 Mar - 2:39
Récit d'Arrivée à Houston
11 Décembre 2035
Le chemin avait été plus long et fastidieux que prévu, quand la niaque n’était plus vraiment là pour vous pousser en avant. La seule urgence était de mettre Jodie en sûreté le plus vite possible avant que son corps famélique n’abandonne. Elle s’était rabattue sur la collecte de quelques racines et plantes comestibles, bien insuffisantes à la sustenter quand elle épargnait les quelques restes de sa nourriture pour sa nièce. Seule l’eau n’avait pas manqué, quand des pluies torrentielles s’étaient abattues les jours précédents. Perchée sur Jericho, Clara avait bien eu du mal à protéger sa nièce des éléments, l’enveloppant de sa veste et de son chapeau au détriment de sa propre santé. La petite avait beaucoup pleuré, certainement tenaillée par la faim elle aussi, peut-être parce qu'elle se trouvait hantée par le massacre. Clara ne parvenait pas à le savoir. La seule chose qui importait, c’était de rejoindre la SafeZone avant qu’un destin plus funeste ne les rattrape.
La route empruntée avait été la même. La même halte, le même rythme infernal qui tiraient sur tous les organismes, rongeaient les volontés et creusaient le mental. L’aînée Higgins avait contourné l’immense banlieue de la cité de l’espace par le Sud-Ouest, apercevant la densité forestière de la réserve de Brazoria, aux nuances d’encre nimbées de brouillard, se détacher sur l’horizon gris et sale. Puis elle avait longé la côte vers l’Est, retrouvant à bonne distance les points de repère marquants de la SafeZone tant espérée. Les rôdeurs convergeaient de leurs démarches traînantes et saccadées à leur passage, électrisant les nerfs de la journaliste de quelques coups de fouet glaçants. Le Paint Horse, tout docile se montrait-il, était aussi éprouvé que sa maîtresse, et rechignait de plus en plus à foncer. Seule la peur parvenait à le contraindre à pousser, un peu plus à chaque fois. Clara n’en était pas certaine quand elle était lancée au triple galop, elle ne voulait pas le savoir, mais était persuadée que quelques Coureurs avaient surgi parmi les grouillants, avant d’être distancés par Jericho. Était-ce vraiment arrivé d’ailleurs ? Ou était-ce la manifestation de cette paranoïa craintive de ces monstres, renforcée par son épuisement ? Elle ne pouvait le dire et s’en moquait éperdument.
Son cœur battait la chamade, sa nervosité était à son comble quand la cavalière surgissait de la lisière des bayous poisseux, sa peau comme la robe de sa monture assaillie par les insectes. Ses mains tremblaient de toute leur fermeté sur les rênes qu’elle empoignait pour ne pas simplement s’effondrer. Pas ici, pas maintenant. Pas en arpentant la dernière ligne droite.