Description Générale
Grand d'un mètre quatre-vingt-six, Jarod est un homme certes séduisant, mais qui ne se démarque pas particulièrement du spectre masculin. Il est à bien des égards un archétype de « brun ténébreux » : ses yeux sont si sombres qu'ils paraissent noirs et se confondent avec ses pupilles, tandis que sa chevelure assez lisse et pourtant non dénuée d'un peu de volume, s'étale d'une relative longueur qui tombe par moment dans l'encadrure de son visage. Son nez n'étant ni épais ni fin, ses traits ni robustes ni efféminés, et ses lèvres d'une neutre conception, il se confond aisément parmi les masses. Cela n'a pas été sans l'aider à échapper à la police de nombreuses fois, puisque hormis préciser son charme naturel, les descriptions au sujet de ses attraits physiques ont toujours eu la fâcheuse tendance à user et répéter les termes « moyen » et « banal ».
Il porte régulièrement depuis qu'il a atteint le quart de siècle - et constamment depuis l'apocalypse - une barbe modérément fournie, qui peine à pousser plus long ou se vieillir même s'il ne l'entretient jamais et se contente à peine de la savonner de temps à autre - si sa situation le permet tout du moins. Serait-il surprenant de soulever la confortable normalité de sa silhouette ? S'il n'a jamais eu de kilos en trop et que certains tracés de son torse, de ses biceps et de ses trapèzes lui sont naturels, sa préférence pour le versant compétitif de pratiques sportives motorisées, aussi bien de courses de voitures que de parcours de motocross l'ont tenu éloigné d'un travail assidu de sa plastique ; ses goûts en matière d'efforts physiques orientés vers le football, la course à pied, le tir clandestin et quelques pompes occasionnelles.
De ce fait, il ne s'est jamais illustré d'une épaisse musculature ou d'abdominaux sculptés tels des « tablettes de chocolat », mais conserve une certaine proéminence pectorale accompagnée d'une sèche naturelle qui lui suffit à n'avoir jamais eu à l'idée de complexer d'être torse nu. Étant assez grand, il profite d'une stature plutôt élancée ainsi que d'une forte poigne. Son air général est assez transparent, il ne sait pas cacher son ressenti immédiat et sa mâchoire construite met en évidence toute expression spontanée, de la grimace à la contraction, ce qui est récurrent chez lui.
Si le sourire n'est pas totalement absent, il n'a rien d'une norme, car la mélancolie et la colère intériorisée sont davantage son quotidien et marquent son attitude. Il a un regard qui peut paraître provocateur et condescendant, bien que cela soit plus dû à son amertume quasi constante. Il n'a pas une voix spécifiquement grave, cependant son intonation assez basse quand il est calme appuie en ce sens, tandis qu'une mélodie agréable à l'ouïe quand il s'exprime laisse deviner son potentiel de chanteur. À l'inverse, ses élans de colère sont assez explosifs jusque dans la sonorité qui perd toute musicalité et s'écorche d'une manière qui peut faire froid dans le dos.
Difficile de dire si émane de lui un charisme quelconque, puisque cela dépend de la personne qu'il a en face. De prime abord, il peut tout aussi bien être plutôt attrayant pour son prochain de par son physique et intimidant à cause de cette retenue froide qui le connait ou au contraire, paraître d'une normalité oubliable. Jarod n'a jamais cherché à attirer les regards, mais plutôt à se fondre dans la masse et ça se ressent dans sa manière d'être, étant donné qu'il n'est pas du genre expansif, préférant s'imposer une certaine mesure et parfois se faire plutôt discret. En tout cas c'est ce qu'il essaie de faire, bien que - comme dit plus haut - il est capable d'avoir des épisodes rageurs qui peuvent frôler l'insensé.
Toute personne ayant des facultés correctes observation et analyse peut très vite déceler chez Jarod des tics relatifs à une addiction ou une forme naissante ou modérée de névrose, notamment des clignements d'yeux trop vifs, des pressions ou passages intempestifs de la langue et sur sa lèvre inférieure, des froncements de nez, des contractions invasives de ses phalanges ou encore une irritabilité injustifiée par moments.
Jarod est un homme qui a eu une enfance particulièrement compliquée, ce qui l'a marqué à l'âge adulte et la vie qu'il a menée avec son père durant la dizaine d'années avant la mort de celui-ci n'aida guère le fils à se stabiliser psychologiquement. Il n'a rien d'un déséquilibré cependant, seulement un gars écorché par une vie de délinquance et de peines qui prit en grief la société organisée, plutôt marginal et un tantinet anarchique, les derniers temps avant l'apocalypse furent sous l'égide de l'inutilité. Oisif, alcoolique, drogué, il était à la fois perdu et désemparé par le tournant dramatique de sa vie, quand bien même il avait conscience depuis longtemps des risques encourus et le fait que rien n'était juste ou facile, il lui fallut un moment pour se remettre de la perte de son idole.
L'homme n'en est pas moins intelligent et censé lorsqu'il est sobre, talentueux de ses mains, aussi bien dans certains domaines artisanaux qu'avec les femmes, son physique séduisant et son air mélancolique ont toujours su lui attirer les bienfaits du sexe opposé sans qu'il ne fasse d'effort, ce dont il profita pour se changer les idées et se défouler de frustrations annexes dues au chaos latent de son quotidien. Même s'il a déjà fait du mal à son prochain, ça ne l'a pas laissé indifférent et il n'a rien d'un individu sadique ou qui aurait tendance à savourer une situation en sa faveur pour imposer son ascendant, il est plutôt mesuré et attentif à ce qui l'entoure, cherchant à prendre des décisions qui seraient les moins susceptibles de provoquer des catastrophes, il favorise de jouer la prudence plutôt que l'audace.
L'apocalypse a eu pour bénéfice d'amoindrir ses mauvais penchants pour privilégier de mettre en avant son habileté à la débrouille, ses connaissances et surtout, de lui fournir un but. Cet objectif qu'il s'est donné, s'il se rend compte d'à quel point c'est presque fou et lui promet des épreuves terribles, il se refuse à lui tourner le dos et donc, à leur tourner le dos. Après des années à cultiver la honte perçue vis-à-vis de son défunt oncle, il vit en ce défi salvateur l'occasion de conférer un sens à sa vie et obtenir une certaine forme de rédemption auprès de Dieu. Il est probable que son père n'approuve pas ses décisions depuis l'outre-monde, mais pour Jarod, protéger ces trois vies est aussi une manière de se détacher de celui qu'il admirait pour devenir un homme à part entière, être fier de ses choix.
Cela n'a rien d'aisé et entraîne fatalement, pour chaque bon comportement s'il en est, un lot de conséquences et de décisions dures qui le minent encore aujourd'hui. Néanmoins, à l'instar d'un père pour ses enfants, même si ce n'est pas le cas au réel, Jarod est prêt à tout pour elles, et pour lui. En eaux troubles entre ses aptitudes et son passif à l'agressivité, sa colère intérieure, son désir ardent de lutter pour l'humanité par la violence et le sang, ses addictions invasives et sa volonté de faire ce qui est juste, au moins pour ceux dont il a la responsabilité, son espoir vain, mais qui continue de subsister d'un avenir meilleur et plus pacifique, son attrait pour une vie peut-être plus simple et l'envie de créer plutôt que de détruire... tout ça le font dériver d'un pan à l'autre de l'océan de son existence dont l'étendu n'est pas défini et le sens difficile à choisir.
Pour le moment et en dépit du tiraillement et des questionnements qui le dévorent, en l'incarnation du souvenir de son père tantôt ange à son épaule droite, tantôt diable à son épaule gauche, une justification à vocaliser ses angoisses et débattre avec lui-même sans vraiment se rendre compte du caractère anormal de la chose, il se concentre sur sa propre survie, mais aussi et surtout celle de ses jeunes protégés qui ne dépendent que de lui. Une charge affreusement lourde qu'il n'a tenue jusqu'ici que de peu, constamment pressé par le temps, le manque de ressources, les dangers et les difficultés qui blessent ces êtres chers. Il marche sur un fil trop fin qui est désormais prêt à casser.
L'Oasis est à ses yeux la dernière chance pour lui de mettre ceux qu'il aime un minimum à l'abri du besoin et du désespoir qui les collent et ne demande qu'à les faire sombrer dans l'abysse, terrifié à l'idée qu'il ne subissent d'insupportables souffrances ou qu'une mort atroce ne les fauche.