Forum JDR post-apocalyptique dans un monde contemporain alternatif en proie aux zombies, à des créatures pires encore ainsi que des événements surnaturels.
Fiche de personnage Points de RP: (219/1200) Etat Mental: (100/100) Crédits: (0/1000) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 30 Oct - 21:14
Fiche d'identité
Prénom : Seyit
Nom : Yilmaz
Né le : 07/12/2004
À : Istanbul, Quartier de Nişantaşı | Turquie
Métier : Artiste musicien | Premier violon
Particularités : Religion : Confession musulmane | Non pratiquant Langue maternelle : Turc Langues d'adoption : Anglais | Allemand Loisirs : Basketball | Équitation Tatouage : Triceps gauche | Un serpent à l’encre noire, dont l’extrémité de la queue entortillée forme le signe de l’infini. Au-dessus de sa tête repose un croissant de lune.
À-propos
Thème musical :
Feat : Ilhan Şen Type : Survivant
Description physique
Avec son mètre quatre-vingt-neuf, et ses humbles quatre-vingt-deux kilos, d’aucuns pourraient le comparer à un modèle échappé d’une agence de mannequins ou à une vedette de quelque œuvre télévisuelle. Il n’en est rien. Si son allure athlétique et sa plastique agréable le font parfois se démarquer au sein d’un groupe, et quand bien même on l’aura vu au bras de quelque actrice, chanteuse et autre célébrité de la scène turque, il n’a pourtant rien de l'attitude de ces adonis médiatisés, habitués aux feux des projecteurs, aux flashes intempestifs et aux mondanités affectées. Est-il seulement beau, a-t-il du charme ? Plait-il ? Peu importe. Les goûts et les couleurs ne se discutant pas, le tout un chacun pourra juger selon sa propre sensibilité, sa propre humeur et sa propre orientation.
Seyit a le cheveu d’un noir de jais qu’il porte court, et avec lequel il bataille souvent, tentant de dompter la rébellion opiniâtre de ses boucles folâtres foisonnant au sommet de son crâne. Un peu d’eau, une noisette de gel, et le tour est joué. L'œil est d’un brun foncé, chaud, de la teinte des châtaignes grillées que l’on vend à la sauvette dans les ruelles stambouliotes par les froides journées d’hiver. Un contraste dénotant avec la carnation claire de son teint qu’un discret réseau d’éphélides vient harceler lorsque frappent les rayons allègres de l’astre solaire et qu’une courte barbe au crin noir exacerbe davantage. Le nez est long et racé, ce qui se traduit par des ailes légèrement ouvertes et marquées. Une rencontre malheureuse avec un ballon de basketball a provoqué un léger écrasement de sa cloison nasale. La bouche est nettement ourlée, gourmande. Son regard se veut communicatif sous le jeu mobile et expressif de ses sombres sourcils et l’on pourrait s’amuser, voire se perdre à en chercher l’émotion qui en agite la ténébreuse surface, le sentiment qu’il retient dans le puits noir de sa pupille versatile. Car c’est tout un kaléidoscope aux effluences contradictoires qui en fait chavirer la mire aussi intense que dense. Et si l’on perçoit parfois un soupçon de douleur mélancolique griffer la surface de ses iris à la tonalité ardente, il n’a de cesse de disparaître aussi soudainement qu'il est apparu. Fissurant le masque d’un faciès souvent jugé taciturne, son sourire monte jusqu’à provoquer le plissement de ses paupières à la forme imperceptiblement bridée, et faire éclore deux fossettes - en sus de celle chatouillant son menton - qui s’en viennent grimer d’ombre le coin de ses joues. Des joues qu’il a creuses sous l’auvent saillant de hautes pommettes.
Un brin nasillante, d’un timbre aux inflexions tour à tour veloutées ou sonores, la voix est basse, agrémentée des phones élémentaires de sa langue natale et escortée d’un souffle éraillé qui en habille la musicalité. Lorsqu’il s’exprime en anglais, sa locution très scolaire et ses sentences au débit hésitant, haché, trahissent ses origines allochtones. Il a le verbe chantant et ses mains, toujours en mouvement, semblent rythmer la cadence de ses phrases aux prosodies joliment ronronnées.
Une quinzaine d’années de pratique aléatoire du basketball et de l’équitation lui ont permis de gagner quelques livres supplémentaires et d’étoffer l’allure dégingandée d’un d’adolescent un peu trop efflanqué. Sous une ossature malgré tout solide, sa morphologie autrefois effacée a ainsi gagné en masculinité et en tonicité. Sa silhouette se veut désormais longiligne, svelte, et le torse plat, dénué de pilosité, est harmonieusement dessiné sous le linteau droit d’épaules bien structurées et développées sans excès, à peine plus larges que ses hanches au bassin étroit. La taille est marquée et le ventre ferme, historié des délicats vallons de ses abdominaux gracieusement modelés.
Le jeune trentenaire a quitté le complet et la cravate du célèbre virtuose qu’il était pour endosser une tenue adaptée au périlleux d’un quotidien fait d’errances et d’échappées : t-shirt, chemise, sweat, jean, bottes et blouson de cuir ou de toile doublée.
Description psychologique
Homme de devoir, doté d’une grande conscience professionnelle, il n’a qu’une parole. Il croit en lui, aux valeurs qui lui ont été inculquées, et aux principes qui le guident. Avant tout pragmatique, il tente de bravement garder les pieds sur terre au travers la consécration d’un parcours exceptionnel malgré tout semé de défis, d’embûches, d’artifices et de désillusions. Il possède assez d’énergie pour lui permettre de concrétiser, à défaut de ses rêves, les objectifs qu’il se fixe. Il poursuit ainsi la route qu’il s’est patiemment tracée, cherchant toujours à progresser, à se surpasser, s’appuyant sur une volonté indéniable et une puissance de travail et d’action non négligeables. Malgré le faste et les projecteurs braqués sur lui, il n’en reste pas moins simple et sobre dans ses rapports avec autrui. Son âme d’artiste, aux atours bohèmes, le démarque d’un entourage familial peu ouvert d’esprit et qui ne voit pas d’un très bon œil les accointances qu’il entretient avec des fréquentations issues de milieux plus modestes.
Pourtant, au-delà de l’apparat, de la rigueur et du sérieux, peu peuvent se targuer de saisir le réel caractère de cet écorché vif, qui peut tout aussi bien apparaître sous le masque de l’indolence que sous celui de la fougue qui anime ses actes ; ce qui peut le rendre assez déconcertant. A croire qu'il aborde autrui en jouant des facettes d’une personnalité à la semblance de la Turquie qui l’a vu naître, toute en teintes nuancées et en caractères aussi divers que variés.
Seyit se veut être malgré tout un homme à l’allure sympathique, dont l’aura aux vibrations préoccupées dégage une relative impression de force tranquille et de magnétisme ténébreux. Sous ses abords préjugés taciturnes, la ligne expressive et souvent froncée de ses sourcils en exacerbe l’appréciation et lui apporte une touche soucieuse, voire renfrognée. Ainsi peut-il paraître fermé, inaccessible. Le regard souvent harcelé d’une expression d’étonnement contemplatif, à la surface duquel s’affole la farandole de ses réflexions brouillonnes, sa nature inquiète et tourmentée le fait paraître plus sensible et vulnérable qu’il n’en donne l’air.
Souvent à fleur de peau, Seyit s’efforce de contrôler le vif de ses émotions, d’étouffer le spontané de ses réactions. S’il fait souvent preuve de réserve, voire de retenue, ce que d’aucuns pourraient comparer aux traits d’un caractère peu affirmé, il est capable de trancher au moment d’un débat houleux, de briser tout échange tendu en tournant les talons ou au contraire de faire preuve d’insistance, voire d’arrogance. Cela peut se traduire par de rares accès de colère lorsqu'il ne se sent pas pleinement compris. Ou acculé dans ses derniers retranchements. Des escarbilles qui retombent aussi soudainement qu'elles se sont nourries du feu couvant sous la cendre de ces secrets et non-dits qui blessent. Et que Seyit regrette aussi vite qu’il en a soufflé le conflit. Fougueux et passionné, il dissimule ces élans impétueux derrière une attitude faussement détachée. Distante. Ferme. Une fois qu’il est en confiance, il se déclare amical, bienveillant ou tendre. Dans la sphère privée, sentimentale, il se reconnaît inspiré, ce qui le pousse à vivre toute relation sérieuse avec intensité et à s’investir pleinement. Il est entier et peut se montrer volontiers possessif. Voire jaloux. Loyal, franc et ardent, il pardonne difficilement l'erreur. Ou la trahison.
Histoire jusqu'à l'Apocalypse
Petit dernier d’une fratrie de trois sœurs - Elif la benjamine, Demet la cadette et Zeynep l'aînée - Seyit fait une entrée remarquée aux prémices d’un mois de décembre particulièrement rigoureux. Son père, Serhat Yilmaz, est un financier réputé, issu d'une famille aisée de la haute société stambouliote qui a pignon sur rue dans le quartier opulent de Nişantaşı à Istanbul. La fondation caritative qu'il administre offre des bourses à de jeunes étudiants émérites issus de familles nécessiteuses et qui souhaitent exercer dans l'éducation, le droit ou la médecine. Sa mère, Melike Koç, est une ancienne violoniste aux mêmes origines privilégiées et qui a renoncé à une prometteuse carrière pour se consacrer pleinement à l’éducation de ses enfants. L’arrivée aussi inattendue qu’espérée de ce fils unique - “leur petit lion” comme son entourage aime à l’appeler avec une évidente tendresse - provoque un véritable ouragan de bonheur.
Réservé, Seyit est un enfant au caractère introverti. Il réagit souvent par une attitude revêche et n'apprécie guère les incursions dans son jardin secret. Son humeur oscille entre le calme et la tempête, à la semblance de la houle qui agite les eaux du Bosphore, et au rythme des fissures quotidiennes qui enlaidissent la toile faussement parfaite de cette jolie fresque familiale. Très réceptif à son environnement et très ébranlé lorsque la mésentente frappe le cœur de ce clan se targuant d’être soudé, il se montre particulièrement turbulent et exécrable lorsque sa mère déserte leur foyer du jour au lendemain, sans aucune explication. Il n’a alors que cinq ans. S’ensuit une longue période de doute, d’attente, d’espoir, pendant laquelle le garçonnet s'enlise dans l’aléatoire de phases de prostration et d’hyperactivité. Son père, pour le sortir de cet isolement dépressif et destructeur, et ainsi développer sa sociabilité mise à mal, lui impose des cours d’équitation. Le contact avec les chevaux, associé à une bonne pédagogie, permet d'apaiser son esprit angoissé et traumatisé par l’abandon de sa mère. Pendant cette période transitoire, compliquée, le garçon se prend soudain de passion pour le violon, dont Melike jouait encore parfois, activité qu’il commence dès l’âge de sept ans avec un sérieux opiniâtre.
Les années défilent, tissant la psyché d’un Seyit encore troublé par la défection brutale de sa mère et dont il n’a plus la moindre nouvelle. Et les questions qu’il pose au hasard de ses songes interrogatifs ne rencontrent que le faciès fermé d’un père mutique sur ce sujet sensible, à la limite du tabou. Tout en participant à des entraînements de basketball auxquels il s’est inscrit, il poursuit l’apprentissage exigeant de la musique, se jetant à corps perdu dans sa mécanique laborieuse, ses doigts faisant vibrer les cordes de ce précieux violon ayant appartenu à sa mère, et qu’il a désormais fait sien. Il a treize ans lorsqu’il fait la connaissance de Jeyan Özderim, d’un an sa cadette. Originaire du quartier populaire de Tarlabaşi, la fillette a pris l’habitude d’accompagner son père au Conservatoire de musique où il assure la surveillance technique en qualité d’agent de gardiennage. La petite fille, parfois, l’aide dans le nettoyage et l’entretien des parties communes. Ainsi se retrouve-t-elle souvent à profiter, depuis le corridor ténébreux des coulisses, des différentes prestations musicales de ces novices bourgeois s’escrimant chacun leur tour sur leur instrument à corde ou à vent. C’est en surprenant Seyit, dissimulé dans un coin ombreux du petit amphithéâtre aux bancs désertés, reniflant et tout apitoyé sur son sort, qu’elle ose un jour l’approcher. La bonne humeur, le franc-parler et le caractère bien trempé de la fillette extirpent le garçon de sa mélancolie passagère et réussissent à lui arracher un sourire. De cet instant, le jeune violoniste garde un souvenir impérissable, et cher. Au fil des jours, des semaines et des mois qui bornent le sentier cahoteux de leur enfance puis de leur adolescence, l’attachement sincère, innocent, d’une forte amitié naît entre eux.
Le Temps poursuit son œuvre. En 2022, le talent de Seyit, sous-exploité dans le cadre restreint d’un programme de musique traditionnelle turque, se voit un jour reconnu et lui doit d’être approché par un représentant de l’Orchestre philharmonique de Vienne, en séjour touristique à Istanbul. L’homme, un certain Helmut Leitner, ne lui fait guère de vaine promesse et le met même en garde sur le travail colossal qui l’attend s’il passe le seuil critique des auditions. En 2023, après avoir soupesé et mûri sa réflexion, et malgré la peur que suscite la barrière de la langue, le jeune violoniste saisit cette opportunité inédite couplée à la perspective d’un challenge évident. Il s’envole pour Vienne et se confronte à un palmarès d’une dizaine d’adolescents arrogants, redoutables et ambitieux, tout au long d’un processus d’audition épuisant et de mises à l’épreuve qui dureront près de deux ans. La titularisation enfin en poche ne lui ouvre cependant que les portes de l’Orchestre de l’Opéra de Vienne. Constituant un dossier de demande officielle d’intégration au sein de l’Orchestre philharmonique de la capitale autrichienne, il devra patienter trois années supplémentaires avant que sa candidature ne soit favorablement étudiée puis validée. Une attente qu’il doit également à ses obligations militaires envers la République turque.
En effet, en février 2026, tout juste âgé de vingt-et-un ans, Seyit est appelé à effectuer son service militaire pour une période obligatoire de six mois. Affilié au sein du 1er Bataillon frontalier, il part pour Yakacık, un village du district de Cizre dans la province de Şırnak. La rudesse de ce territoire, figé non loin des redoutables montagnes kurdes d’Irak, est éprouvée par les soldats turcs depuis des décennies, tant ils sont engagés dans un bras de fer sanglant qui les oppose au Parti des travailleurs du Kurdistan. Cette affectation aux confins orientaux de l’Anatolie ne rassure ni sa famille, ni son amie d’enfance ; cette inquiétude est d’autant plus alimentée par le discours opposant de certains médias qui pousse souvent le téléspectateur à se souvenir de la tristement célèbre opération Beylik qui fit tant de morts durant l’été 2024. A son retour fêté dans l’allégresse, le jeune conscrit, amaigri et encore secoué par son éprouvante expérience, renoue de plus belle avec la sphère musicale. Avec son violon. En 2028, l’épilogue de ce véritable parcours du combattant lui permet d'entrer enfin dans les rangs de l’Orchestre philharmonique de Vienne, ensemble symphonique unique, prestigieux, et plus strict que jamais. C’est le début de la notoriété, le virtuose turc faisant de plus en plus parler de lui dans l’univers élitiste de cette académie autrichienne qui prône l’excellence, la tradition et l’élégance. De simple soliste remplaçant, il devient premier violon en 2029. Il a alors vingt-cinq ans.
La relation amicale, profonde, qu’il entretient toujours avec Jeyan n’a guère été entachée durant ces longues périodes d’absence loin de la Turquie, loin de sa chère Istanbul, loin de son arrogante famille. Tandis qu’il poursuit sa formation interne et sa quête d’excellence au sein de l’Académie d’orchestre de Vienne, l’un donne des nouvelles à l’autre par le biais d’un appel téléphonique, d’un message, d’une vidéo saupoudrée d’humour, ou d’une carte postale que Seyit adresse à son amie lorsqu’il part en tournée à travers le monde, enchaînant compétitions, récitals et concerts. Dès que son emploi du temps chargé le permet, il la retrouve à la terrasse d’un café, sur les rives du Bosphore pour une balade à pied ou le temps d’une traversée du détroit en bateau. De façon ponctuelle, il est invité à participer à des représentations télévisuelles pour des organismes de bienfaisance ; sa longue silhouette affublée d’un complet noir dont le col de chemise est agrémentée d’une double chaînette d’argent devenue désormais sa “marque de fabrique”, il apparaît également en contrejour dans une dizaine de vidéoclips de jeunes vedettes de la musique pop turque où son violon ajoute une touche traditionnelle à certaines ballades romantiques.
En 2031, son père Serhat Yilmaz lui annonce l’intérêt que lui porte une certaine Cansu Ülker, fille d’un riche industriel et amie proche de sa fratrie, et plus particulièrement de sa sœur Elif. Cette jeune femme ne lui est d’ailleurs pas inconnue. Il a déjà eu l’occasion de la rencontrer lors de quelque manifestation mondaine liée aux affaires de son père, ou d’événements familiaux, tel leur anniversaire respectif, et auxquels ses trois sœurs l’ont faite participer à tour de rôle ; à l’instar de Jeyan, souvent de la partie sous l’impulsion encourageante de Seyit. Le père de Cansu se trouve être l’un des principaux collaborateurs de Serhat et donateur majoritaire de sa fondation caritative. Yakup Ülker ne déroge pas à la règle de céder aux moindres caprices de sa fille unique et fait pression sur Serhat en pointant du doigt l’éventualité qu’il puisse retirer sa conséquente participation à ce charitable projet. Ignorant tout des machinations qui se trament en coulisses, Seyit se sent malgré tout acculé, poussé dans ses retranchements. Il n’est ni convaincu ni réjoui par cette perspective d’alliance, dont la saveur au goût de chantage fait l’effet d’une petite bombe à retardement sous son crâne perturbé. Qui plus est, au fil des années, l’affection candide, la tendresse fraternelle qu’il entretient telle une flamme précieuse à l’égard de Jeyan ont désormais emprunté un autre chemin. Et ce chemin est semé des échardes parasites de réflexions coupables et loin de s’enorgueillir de toute considération innocente. Alors mû par un sentiment d’urgence, Seyit profite d’un bref congé à Istanbul pour organiser un rendez-vous dans un café jugé discret, et proche du quartier où réside la jeune femme. Au terme d’un échange capricieux, où les mots dépassent parfois la seule pensée, où l’appréhension le dispute à l’impatience, où la peur du rejet se confronte à celle de perdre toute confiance en l’autre, le violoniste cède à une touchante confession que Jeyan semble partager en retour. Ils scellent leur réciproque confidence d’un premier baiser à la saveur aussi ardente que désespérée, et aiguillonné d’un sournois sentiment de résignation. Cet écart de conduite aura, hélas, un témoin inopiné.
Quelques jours plus tard, sans que Seyit n’obtienne la moindre explication malgré l’insistance de ses appels téléphoniques et de ses SMS demeurés sans réponse, il apprend que Jeyan a quitté la Turquie pour s’envoler vers les États-Unis. Sa visite auprès des parents de la fugueuse n’apporte pas davantage de lumière à cet acte incompréhensible. Sa mère, peu encline à lui accorder le bénéfice du doute, lui tient un discours hystérique et décousu, où il est question de bourse volée, de bandits et de doigts brisés. Il échappe à cette harangue au contenu insondable grâce au père. Ce dernier, d’un tempérament posé, lui offre une accolade paternelle et lui sert une étrange tirade dont il n’oubliera jamais les mots : “Un poisson peut aimer un oiseau, mais ils ne trouveront jamais d'endroit où vivre heureux, fils.” Peu importe qui est l’oiseau, peu importe qui est le poisson, dans cette pathétique histoire. C’est un coup dur dont il accuse difficilement l’impact et qui le laisse dans l’abrutissement le plus sombre. Il traduit cette fuite comme un autre abandon, une autre trahison, à l’instar de la propre disparition de sa mère à l’époque où il n’était encore qu’un enfant. La colère, le ressentiment, le désespoir, la déception, le rongent. Amèrement. Cruellement. Douloureusement. Sa carrière toutefois ne se formalise pas de cette cuisante forfaiture, et il s’en sert comme d’une échappatoire à son mal être. Cependant, le départ brutal de Jeyan ne le pousse pas pour autant dans les bras de la fille de Yakup Ülker.
Ce n’est qu’au printemps 2033, au terme de deux années d’une fuite en avant, morcelée de ses victoires, de ses prix, de ses succès, et d’une longue liste de conquêtes féminines qui ne passent jamais le seuil critique d’une nuit, que Seyit, encouragé par les savantes manigances de son trio de soeurs, cède aux avances de Cansu Ülker. Elle devient alors son impresaria. L’été qui succède à cette lasse capitulation voit la célébration d’un mariage fastueux réunissant tout le gotha stambouliote, et faisant la une des magazines de la presse people et des réseaux sociaux.
Au-delà des faux-semblants, des non-dits, des mensonges, la vie se doit de continuer.
◈◈◈
Hotel Crescent Court, 400 Crescent Court, Dallas Samedi 8 avril 2034 - 19H13
"... Chers téléspectateurs, j’ai le plaisir de vous accueillir ce soir, à New-York, au cœur de ce prestigieux édifice qu’est le Metropolitan Opera où sera joué dans quelques minutes l’un des opus les plus célèbres de Felix Mendelssohn-Bartholdy. L’orchestre au complet est déjà installé sur la scène. Ah ! Non, pardon. Presque au complet ! Une chaise, à l’avant, tout près de l’estrade où se tiendra le chef d’orchestre, reste encore vide… Ah ! Le retardataire, ou plutôt la retardataire, vient de faire une entrée remarquée, et remarquable… comme le confirment les applaudissements du public. Des applaudissements encourageants, malgré une certaine déception, puisque nous avons appris il y a à peine une heure que le célèbre virtuose turc, Seyit Yilmaz, que nous attendions tous, ce soir, à New-York, ne se produira pas. Un empêchement de dernière minute l’a obligé à se faire remplacer par cette première soliste que nous avons déjà eu l’occasion d’entendre par le passé, la ravissante Bao Xin-Yi, qui nous vient tout droit de Pékin. Ah ! Les musiciens ont cessé d’accorder leurs instruments et… Voilà ! Le hautbois est en train de leur donner le la. La qui vient d’être repris par cette jeune violoniste et… Ah ! Il semble que les instruments sont accordés… Oui ! Mademoiselle Xin-Yi prend place à son tour en attendant, dans un silence des plus recueillis, l’arrivée du chef d’orchestre eeet…”
La sonnerie du téléphone portable retentit, agressant le pavillon sensible de l’oreille de Seyit qui, à moitié endormi sur le canapé, le corps courbaturé de fièvre emmitouflé sous une couverture, exhala un râle agacé. Sa langue pâteuse s’agita lourdement dans sa bouche pour humecter ses lèvres sèches, tandis qu’il basculait sur le flanc pour appréhender d’une mire floue l’endroit où se situait ce fichu téléphone. Dans un frisson désagréable qui souffla son onde algide le long de son échine, il extirpa son bras gauche du confortable plaid pour l’étendre vers la table basse où trônait l’importun smartphone. Ses doigts pianotèrent en aveugle jusqu’à l’objet délictueux et finirent par l’attraper, ce dernier protestant et vibrant avec obstination. D’un mouvement faiblard du pouce, l’homme décrocha l’appel entrant sans penser à en vérifier l’origine et laissa sa tête échevelée retomber sur l’oreiller dans un soupir las.
- ... Efendim ? répondit-il aussitôt en turc, usant par habitude d’une formule de politesse. - Bonsoir, Seyit… Nasılsın ? Je veux dire… Tu vas bien, Seyit ? Où es-tu ? - ... Ne ? Au-dessus de ses cils papillonnant, ses sourcils se froncèrent, creusant deux profondes ridules entre leurs sombres arcades, sous l’impulsion de la réflexion qu’il se faisait, en cet instant précis, sur l’identité présumée de cette voix féminine. C-Comment ça, où je suis ? Qui est à l’appareil ? - … Jeyan. C’est Jeyan... Pardon, j’aurais dû me présenter. - … Jey… ? se força-t-il à prononcer dans un souffle étranglé. Son cœur pris au dépourvu manqua un battement avant de reprendre une danse indocile, faite de heurts lourds, douloureux, butant contre sa cage thoracique. Un flottement dérangeant escorta sa réaction.
Jeyan. Son amie d’enfance.
Le smartphone collé à l’oreille, il se redressa d’abord sur un coude, puis sur son séant, l'œil larmoyant de fièvre s’écarquillant mollement. Ce mouvement éploya sous son crâne les rudes tentacules d’une migraine tenace. Une moue pincée d’une gêne souffreteuse froissant l’esquisse gourmande de ses lèvres, il ferma les yeux, pris de vertige. Cette maudite céphalée gangrenait sa lucidité sous une chape pesante et cotonneuse et rendait au moindre son une tonalité plus agressive. Sa main libre, moite, s’égara sur sa mâchoire obombrée de son crin noir dont il gratta lentement les rudes picots de ses ongles proprement coupés. Une pénible déglutition provoqua la crispation douloureuse de sa proéminence laryngée, tandis que son pouce et son index pinçaient l’arête de son nez, un soupir brûlant de fébrilité percutant sa paume.
Son amie d’enfance. Jeyan.
Elle avait quitté la Turquie trois années plus tôt, après avoir reçu une bourse d’études pour étudier aux Etats-Unis. Une information qu’il avait réussi à discrètement glaner. Elle y était restée, entamant un long et laborieux parcours jusqu’à l’aboutissement de son objectif qui l’avait vue devenir cheffe de projet d’une unité de recherche scientifique et épidémiologique au sein de l’éminent laboratoire Johnson & Johnson, dans le New Jersey. Là-bas vivait-elle désormais. Quelques messages échangés, sans prétention aucune, les avaient tenu informés de leur santé réciproque ; des messages d’une banalité affligeante et qui n’avaient fait qu’aiguillonner sa propre rancœur sans pour autant le pousser à rompre avec cet étrange rituel qu’elle avait elle-même initié. Ainsi avait-elle brisé la glace en adressant ses vœux de bonheur au jeune marié qu’il était alors, et leurs interactions sporadiques s’étaient poursuivies sur le pathétique d’un jeu cruel pour lequel il n’y avait ni gagnant ni perdant.
Renvoyée par les hauts-parleurs de la télévision, une salve d’applaudissements éclata, l’extirpant de l’incessant ressac de ses pensées perturbées tandis que la voix mélodieuse de Jeyan chatouillait le creux de son oreille.
- Oui, Jeyan. Je t’appelle un peu à l’improviste, désolée. C’est que… Je pensais à toi, enfin… Non… Je ne pensais pas à toi. C’est juste que… La journaliste a parlé de toi… Et… - Je… entama-t-il, avant que la suite d’une phrase jugée sans intérêt ne se perdît dans la vibration d’un souffle contraint. Dérouté par cet appel inattendu, perturbé par les prosodies chantantes de cette voix familière ressurgie du passé, il tenta de se ressaisir. La notion de temps et d’espace semblait être mise à rude épreuve sous le joug de la fièvre. … De quoi parles-tu ? - Allah-Allah ! Hiçbir şeyi anlamıyor... Je te parle du Met et de ton concert ! Et toi ? Où es-tu, Seyit ? Et qui est cette fille qui joue à ta place ? - Qui joue à ma-... ?! accusa-t-il alors, un éclair de vague compréhension provoquant la dérive de ses prunelles voilées de brume vers l’écran de la télévision. Ah. Ah… Tabii tabii. Je comprends mieux… - Nasılsın, Seyit ? Rassure-moi, il ne t’est rien arrivé de grave ? - Iyiyim. Merak etme.
La rassura-t-il, sa bouche se grimant d’un sourire faible, à l’esquisse amère. Il s’allongea derechef sur le large divan, ses yeux chatoyant d’humidité accusant le blanc agressif de la peinture du plafond avant de dériver pour observer en aveugle la télévision. De sa main libre, il réajusta la couverture sur lui, tandis que le chahut des applaudissements cessait et que les premières notes de l’opus 64 s’évadaient dans l’ambiance feutrée, intimiste, de la luxueuse suite. Le dépit caustique lié à ce coup du sort malvenu provoqua la contraction de ses mâchoires tandis qu’il assistait, bougon et impuissant, à la démonstration talentueuse de Bao Xin-Yi qui, dans son fourreau de soie rouge, faisait sensation. Un talent que son fair-play ne pouvait d’ores et déjà réfuter. Cependant, il n’était pas dupe et savait pertinemment que c’était pour elle l’occasion de briller dans la lumière des projecteurs, elle qui ne cessait de se plaindre et remettre en question le mérite de son concurrent turc.
- … Je suis juste-... cloué au lit, avec une-... méchante fièvre. confia-t-il, se forçant à parler en anglais, après que le silence se fût imposé entre eux. Je suis donc-... séquestré à l’hôtel depuis ma dernière prestation à Dallas. En espérant-... que ça passe, car le prochain concert-... a lieu à Washington. Dans deux jours… - Oh… Tu es à Dallas… Un nouveau silence s’installa, avant qu’elle n’en vienne à reprendre dans un soupir. Je suis désolée, Seyit. Si je peux faire quelque chose… - Hm. Je doute que tu puisses-... faire grand chose. A part peut-être-... Hmm… Lui lancer un mauvais sort ?! proposa-t-il le regard crocheté à la silhouette menue de la violoniste asiatique, tout en lâchant un souffle de rire sans conviction. - Un mauvais sort ? Hm. Un mauvais sort… Parce que tu trouves qu’elle n’est pas déjà assez punie ? Regarde… Elle a de tout petits yeux et tu as vu comment elle plisse le nez quand elle joue ? Même toi tu n’es pas aussi vilain un violon dans les mains. lâcha-t-elle dans un éclat de rire. - Ne, Jeyan, ne ? Cela s’appelle tout simplement-... Avoir la classe…
Ne put-il s’empêcher de rétorquer, son faciès blême aux traits tirés empruntant une posture bêcheuse, tout amusé qu’il était soudain par la tournure de cet insolite échange qui provoquait la résurgence de souvenirs liés à leur ancienne complicité. L’hilarité franche, communicative, de Jeyan le dérida davantage, provoquant son écho amenuisé, cassé, entre les murs blancs décorés de tableaux abstraits de la vaste pièce. A l’écran, Bao Xin-Yi poursuivait son impressionnante prestation, sa queue de cheval tressautant au rythme endiablé de son archet, ses yeux et son nez se plissant sous le joug de la concentration. Lorsque son propre rire mourut sur ses lèvres figées dans un triste rictus saupoudré de nostalgie, il ferma les yeux, gardant le smartphone plaqué contre son oreille. Il humecta ses lèvres, son souffle s’appesantissant au creux de ses poumons et faisant vibrer l’air échappé de son nez.
- … Jey. Cela me fait-... plaisir de t’entendre… Vraiment. - Moi aussi, Seyit… Beaucoup… Et il m’aurait plu de pouvoir t’écouter jouer, ce soir. - Hm. ne sut-il que répondre, tandis que les doigts de sa main libre venaient s’écraser sur son visage, et presser ses paupières closes. Il aspira une profonde goulée d’air, se forçant à calmer la tension qui l’étreignait et montait crescendo. - Une autre fois ? - … Une autre fois. Söz. murmura-t-il, ses pâles digitales s’égarant dans sa tignasse pour en agripper nerveusement les épis dérangés. Des larmes, brûlantes, parasites, montaient inexorablement à la lisière de ses paupières fortement pressées.
Un étrange chahut perturba le fond sonore musical tandis qu’exclamations éhontées et interjections contrariées retentissaient, obligeant Seyit à rouvrir les yeux. Sous le regard écarquillé, perplexe, du Stambouliote qui s’était lentement redressé pour s’asseoir, la caméra s’était figée sur une scène surréaliste : comme surgi de nulle part, un homme venait de s’inviter sur l’estrade. Était-il un de ces fans qu’un zèle quelque peu fantasque, exagéré, avait poussé à vouloir saluer la Pékinoise en personne, alors que la prestation musicale n’était pas terminée ? La démarche lente, traînante, il se dirigeait vers une Bao stupéfaite qui, fouettant l’air de coups d’archet vains et se servant de son violon comme misérable rempart, tentait de décourager l’approche déterminée de l’individu au faciès abêti, au regard éteint. Malgré les protestations du public, malgré les avertissements du chef d’orchestre qui avait ordonné la mise au silence des instruments, ce dernier marcha sur elle, avant de l’attraper aux épaules avec une férocité presque animale. Une farandole dissonante de cris de panique colora la scène des teintes criardes du stress. Les mouvements abrupts de la caméra, escortés des commentaires horrifiés de la présentatrice sous le choc, montrèrent la retraite empressée de tous les musiciens alentour, puis, dans un gros plan à la mise au point laborieuse, la vision sanglante, insoutenable, de la violoniste qui hurlait et dont le visage était littéralement dévoré par le fou furieux. Des poursuites maladroites de l’appareil montrèrent l’intervention d’agents de sécurité avant qu’image et son fussent coupés, remplacés par le défilement d’une bande annonce prétextant quelque dérangement.
- Jey… ? Tu as vu-... Ce qu’il s’est passé ?! - … Je… Oui, j’ai vu… Yüce Allah... Il l’a attaquée. Il l’a attaquée, Seyit… Yüce Allah… Il… balbutia-t-elle. - Je… Qu’est-ce que c’est que ce-… ?! L’émission-... Vient d’être interrompue… commenta-t-il d’une voix blanche tandis qu’il rejetait sèchement sa couverture pour s’extirper du canapé et se mettre debout, tout frissonnant et vacillant sur ses appuis. - Evet… Onu gördüm.
Les doigts de sa main libre tyrannisant sa tignasse aux crins emmêlés, Seyit gardait les yeux écarquillés, rivés sur les images d’une publicité aux couleurs offensives qui crevaient l’écran de télévision et qui vantaient les mérites d’une lessive révolutionnaire. Rendues sensibles à cette luminosité tapageuse par la fièvre, ses pupilles se rétractèrent sous l’aiguillon lancinant de la douleur. Il plissa les paupières.
- Jeyan ? appela-t-il, sa voix mordant le vide entre eux. - Buradayim, Seyit… Seni duyuyorum... souffla-t-elle. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Yüce Allah… Je ne sais pas… Je ne comprends pas, je… Yüce Allah… répétait-elle. On dirait… Los-Angeles… Il y a eu un cas similaire à L.A.. Il y a quelques jours. Et à Philadelphie aussi... Merde. - J’ai lu-... certains articles, evet… ça parle de tout-... et de n’importe quoi dans les-... journaux et sur les-... réseaux sociaux. - Oui. De nombreux youtubeurs se sont saisis de l’affaire. La plupart sont des adeptes de jeux vidéo… La note âcre de son rire lézarda brièvement la gravité de leur échange. Je ne comprendrai jamais la facilité avec laquelle les gens se moquent de tout… Ce qui se passe… Tout ça… Ce n’est pas normal, Seyit. C’est même… Préoccupant. Tu l’as bien vu. Ce gars… Elle marqua une pause, avant de lâcher dans un murmure. Il semblait enragé. Merde… Merde. - Evet, evet… acquiesça-t-il, s’accordant un moment de silence pour dédier une pensée à la mémoire de la Pékinoise qui avait subi cette agression insensée. Le regard rivé sur l’écran de la télévision qu’une série de clips musicaux harcelait désormais, il doutait, en son for intérieur, qu’elle en eût réchappé. Zavallı Bao. - Hmm… Je suis navrée pour elle. Tu la connai… Hay Allah, j’ai un double appel. - Seni daha sonra… arasam olur mu. - Hayır… Ce n’est pas important. Une amie… Je la rappellerai plus tard. Là… Je n’ai pas envie de raccrocher. - Hm.
La promptitude avec laquelle elle rejeta sa proposition le prit de court. Supposant à tort qu’elle en refusait la démarche, l’explication qui vint distilla le poison d’une sensation qu’il préféra ne pas analyser. Le chat échaudé qu’il était craignait bien trop l’eau froide pour hasarder une patte. Sa propre gêne mâtinée de méfiance le poussa à battre en retraite, et à contourner cette mare insondable pour bifurquer sur le sentier d’une réaction faussement impassible, et désintéressée.
- Je vois que-... ton anglais est-... Neydi o kelime ? - Parfait ? Je n’ai pas eu le choix. Pardon… Mon amie appelle encore. Lütfen. Sakın kapatma. - Tabii. Sorun değil.
”Bien sûr. Pas de souci." Le Stambouliote leva ses yeux fatigués, fardés de cernes bleuâtres, vers le plafond. Plus facile à formuler qu’à appliquer. Le smartphone suspendu à son oreille, il se mit à faire les cent pas devant la large baie vitrée du balcon privé. Son cerveau engourdi ébranlait à nouveau les rouages d’un dossier vieux de trois ans, cherchant dans cette mécanique rouillée une échappatoire à ce mur qui s’était irrémédiablement dressé entre eux. Était-ce en partie de sa faute, à lui ? N’aurait-il pas dû laisser le Temps creuser autant d’écart entre eux, malgré… Malgré quoi ?! Sans qu’il y eût eu matière à brouille, à dispute, à conflit, Jeyan s’était volatilisée, le laissant dans le cruel d’une posture d’expectative, et d’incompréhension effarée. Et cette fuite à l’autre bout du monde avait distillé le venin du doute quant à la réciprocité des sentiments de son amie. Une propension au mensonge, à la lâcheté, dont il ne l’aurait jamais crû capable. Et voilà que ce soir, elle osait franchir une limite qu’elle avait elle-même imposée à ce rituel instauré depuis son mariage avec Cansu. Pourquoi ? Expulsant un soupir agacé, il se planta devant la vitre, observa son reflet fané ; il avait une tête de déterré. D’un geste machinal de sa main libre, il rebroussait les épis flétris de sa tignasse quand il perçut une ombre furtive se refléter dans un coin du vitrage coulissant.
- Kiminle konuşuyorsun ? retentit une voix froide, dure, aux accents soupçonneux. Eee, sabaha kadar bekleyemez mi ? Ayakta zor duruyorsun.
Seyit pivota vers la source de cette apostrophe sans appel. La silhouette de Cansu, son épouse, se matérialisa dans son champ de vision brouillé. Bras croisés en une posture impatiente qu’affirmait le pianotement désaccordé des doigts de sa main visible, elle se tenait au pied de l’escalier menant à l’étage supérieur de la suite. Ses cheveux blonds, soyeux, tombaient en cascade bouclée sur les manches évasées de sa robe de chambre en satin rose. Elle le fustigeait d’une mire bleue, inquisitrice et réprobatrice. Le Stambouliote accusa la furtive présence sans mot dire. Au-dessus de ses yeux aux paupières écarquillées, vibrant de l’imperceptible danse de la noire herse de ses cils, ses sourcils se crispèrent sur un tic nerveux, spasmodique. Sa bouche s’entrouvrit, pour libérer un souffle étranglé, perturbé.
- Elle a raison. Je suis désolée… Je n’aurais pas dû appeler. Sizi eşinizle birlikte bırakacağım. retentit la voix de Jeyan. Elle avait visiblement reconnu le timbre de Cansu et son sermon empreint de défiance. - Je… Hayır, hayır. Lütfen. soupira-t-il, ignorant ostensiblement Cansu et se détournant d’elle pour se diriger maladroitement vers la terrasse dont il ouvrit la baie d’un geste impatient et rendu fébrile par son état. La brise nocturne l’enveloppa dans sa fraîche mante, provoquant l’irrépressible d’un tressaillement désagréable. Si. Tu as-... Bien fait. - Non… C’était maladroit et… Probablement égoïste. Mais… J’ai été heureuse de pouvoir te parler, Seyit. Ne olursa olsun, kendine iyi bak. - … Anlamadım ? lâcha-t-il dans un rire nerveux qui présageait de l’incrédulité avec laquelle il accusait le coup de cette volte face soudaine. Et-... C’est tout ? - Hayır, ve sen de bunu biliyorsun. Kendine iyi bak… Seyit. - … Jeyan ? Jey-... ?!
Les notes bipées du signal de fin de conversation offensèrent son ouïe, paraphant ainsi le terme de cet échange en dents de scie ; au bout de trois années muettes, ce premier contact verbal se terminait à la façon d’une mauvaise blague. Il s’était bêtement contenté de suivre le fil de ces SMS platement essaimés entre eux, à la façon d’une énigme faussement ludique qu’il se refusait d’élucider, ne décelant dans leur lexie simple aucun signal particulier. Car ne l’avait-elle pas abandonné, piétinant ses sentiments d’une foulée fugitive qu’il jugeait coupable ? N’avait-elle pas moqué son affection en organisant son départ précipité, sous le sceau du secret et sans la moindre vergogne, afin de poursuivre sa propre quête personnelle aux États-Unis ? Et ce soir, ne venait-elle pas de lui raccrocher au nez après avoir provoqué ce dialogue à la tirade décousue, dont la conclusion hâtivement amenée lui laissait la saveur d’une note amère ? Voilà qu’il en payait derechef l’addition salée.
La communication volontairement coupée, avec elle s’installa la chape de plomb d’un silence embarrassant. L’air bête face à la tournure qu’avait emprunté cet appel impromptu, Seyit décolla le téléphone de son oreille pour observer son écran inerte d’un œil agrandi par l’incompréhension. Des larmes irritées d’une sourde colère bordant la noire dentelle de ses cils frémissants, il rappela la jeune femme. Une fois, deux fois, trois fois. Toutes ses tentatives se soldèrent par un échec, ses appels réitérés tous redirigés vers une boîte vocale. Insupportable Jeyan. Elle fuyait à nouveau. Elle n’avait pas changé.
- Allah Kahretsin ! jura-t-il entre ses dents serrées, tout en retournant à l’intérieur de la suite, Cansu franchissant la distance qui les séparait d’un pas pressé. - Neler oluyor ? - Metropolitan operasında korkunç bir kaza oldu. Adam Bao'ya saldırdı. - Bao ? Ne ?! s’écria-t-elle, choquée, avant que ce masque outré ne s’effaçât complètement pour laisser place à celui, assombri, insidieux, d’une farouche et maladive méfiance. Jeyan'la ne yapmak gerekiyor ? Çünkü telefondaydı, değil miydi ? - Hayır, hayır. Hayır, lütfen başlama ! - Ne istiyordu ?! - Susmak ! Sus ! gronda-t-il en la pointant d’un index de mise en garde, sa réaction aussi soudaine qu’inattendue la faisant sursauter. Olaylar olmuş. Burada ! Canlı yayında ! Ve önemsediğin tek şey bu mu ? O mu ?! Üzgünüm, ama benim telefon açmam lazım...
La nuit fut interminable. Ses maintes tentatives de joindre le chef d’orchestre du “Met” furent toutes boycottées par la voix monocorde d’une boîte vocale. Personne ne répondait. Et de tous les coups de fil et messages qu’il reçut, il n’en valida que le quart, refusant ou supprimant ceux provenant de sources inconnues. Le front brûlant de fièvre piqueté du voile d’une sueur glacée, il ne cessait de pianoter sur son smartphone en quête d’informations, d’indices probants sur l’incident qui avait secoué la salle de concert. Le canal de discussion dédié au site web du Metropolitan Opera était saturé de photographies et de vidéos confirmant l’attaque de la violoniste Bao Xin-Yi par un spectateur qui avait perdu la raison. Il l’avait mordue au visage et au cou avec une telle sauvagerie que la jeune femme n’avait pas survécu. L’artère carotide arrachée, elle s’était effondrée dans une mare de sang. Impossible à maîtriser, l’aliéné avait été abattu par les agents de sécurité avant qu’il ne fît une autre victime parmi les musiciens et les spectateurs affolés fuyant la salle. Cependant, d’autres messages rapportaient que ce cas n’était pas isolé, et le débat se poursuivait, escorté d’images plus invraisemblables les unes que les autres et qui ne cessaient de défiler, tel un odieux virus informatique.
Et tout occupé à ses recherches, sous le regard peu engageant d’une Cansu suspicieuse qui ne le lâchait pas d’une semelle, Seyit ravalait le dépit qui nouait sa gorge. Telle une marionnette empêtrée dans les fils de ce rôle de composition, il jugeait plus que jamais de son impuissance. Incapable de joindre Jeyan qu’il avait harcelée toute la nuit de ses appels et qui continuait de le battre froid, il tournait en rond dans le salon de la luxueuse suite, tel un lion en cage. Ce ne fut qu’aux premiers frissons d’une aube terne qu’il s’avoua vaincu, cessant ce combat perdu d’avance, lui-même accablé de fièvre et d’épuisement.
◈◈◈
Ainsi la grippe cloua Seyit au lit, le laissant abattu, physiquement et psychologiquement, sous les soins et la surveillance constante, oppressive, de son épouse. À la suite de la quarantaine imposée, l’aéroport de Dallas avait fermé ses portes et tous les services de transport affichaient complets. Cloîtrés dans leur hôtel, les derniers résidents n’ayant pu bénéficier à temps d’un moyen de locomotion afin de quitter la cité texane s’impatientaient et un vent de panique soufflait entre les murs du complexe hôtelier que les journaux télévisés exacerbaient. Les chroniqueurs débattaient en effet sur l’éventualité qu’une catastrophe biologique sans précédent avait touché les Etats-Unis et qu’elle allait épandre son souffle toxique, délétère, sur toute la planète. Saturant le réseau sans relâche, la farandole d’images, de vidéos et de témoignages tous plus fous les uns que les autres continuait de harceler les consciences : agressions sanglantes, recrudescence de la violence, suicides. Tous les scenarii inimaginables étaient dans les bouches, et évoquaient les pires théories du complot qui, souvent, étaient relayées par les dirigeants de certains états de cette Amérique désarçonnée. La pandémie devint le théâtre d’un festival inédit de thèses conspirationnistes, d’idées reçues et de fausses informations, mettant à mal la confiance de la population en le gouvernement et les agences internationales de la santé : le virus incriminé aurait été inventé de toutes pièces et se serait échappé par erreur d’un laboratoire épidémiologique de haute sécurité consacré à l’étude de certains bacilles dangereux ; le virus, mortel, aurait été créé et disséminé pour réduire drastiquement la population mondiale et ainsi ralentir le réchauffement climatique ; le virus aurait…
Et les ténèbres s’abattirent sur le monde : plus de son, plus d’image. La folie, dans toute l’acception du terme, fut à l’honneur. Elle trôna, foudroyante dans la brutalité, provocante dans la démesure, infâme dans le mal, sur son sinistre piédestal fait de marginalité, de déviances, d’impulsions et d’obsessions. Si Dieu existait, il avait sûrement tout vu, avait ri de la déroute affligeante et lugubre de ce monde. Et peut-être riait-il encore…
◈◈◈
La réalité, désormais, dépassait la fiction.
Avec pour toile de fond sonore, le crissement des pneus des voitures de police, la litanie obsédante des sirènes de pompiers et le hurlement des gyrophares d’ambulances, le tintamarre grondant d’explosions, le brouhaha de cris de manifestation et de violence ; avec pour fresque intimidante, le ballet aérien d’hélicoptères et d’avions de chasse de l’armée américaine, l’éclat mordoré des incendies dont les flammes s’élevaient à des hauteurs vertigineuses comme pour aller mordre le ventre pansu d’un ciel d’orage, le Texas qui s’était jusqu’alors maintenu hors de portée de cet ouragan plongea à son tour dans le chaos. Un chaos dont la scène cauchemardesque avait pour effrayants interprètes les premiers infectés qui investirent son périmètre, errant tels des fantômes hagards par les ruelles ; abordant le passant imprudent pour l’emprisonner dans l’étau brutal d’une étreinte forcenée et le soumettre au sanglant d’une faim sauvage et inextinguible. Sans aucune once de lucidité, de pitié, et sans raison véritable. L'œil vide, leurs lèvres déformées par un rictus dénué de toute forme d’intelligence, ils déambulaient en une chorégraphie désaccordée, infatigable.
Depuis le dernier étage de l’hôtel Crescent Court où Seyit et son épouse n’avaient guère eu d’autre choix que d’y élire asile, le Stambouliote n’avait cessé d’observer ces fourmis inlassables évoluer dans cet enfer désormais assourdi de silence. Pressée contre son flanc, Cansu était asservie à l’angoisse de sa terreur, de son désespoir, que sa nature névrosée, expansive, ne voulait celer en aucune manière. Elle ne cessait de se perdre dans le flot parasite de pleurs paniqués, de chercher le tangible de sa proximité, de réclamer le réconfort de ses bras… qu’il lui léguait à contrecœur d’un enlacement indifférent, passable et dénué de chaleur. Les yeux gonflés de larmes et le nez rougi, abrutie d’antidépresseurs, elle retournait alors, d’une démarche vaincue, à cette chambre impersonnelle, à ce lit froid, et à cette intimité qu’ils ne partageaient plus depuis des mois.
Enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon de laine grise, le front collé à la vitre de la baie, il scrutait d’un regard avide, rongé d’une sombre inquiétude, l’horizon hanté de reliefs géométriques, striés de nuées tempétueuses. Son esprit bouleversé ne cessait de lui renvoyer le souvenir acerbe de ce dernier échange avec Jeyan, à la manière d’un vieux disque rayé, de ces vinyles que la tendance avait remis au goût du jour dans le milieu des années 2010. Malgré la colère et la rancune qu’il nourrissait à son égard, il ne pouvait empêcher les traîtres méandres de son esprit de renouer avec le tendre de son souvenir ; un souvenir qui survivait au cœur des ténèbres qui avaient envahi leur monde. Son monde. Sa réalité. Aussi pathétique fut-elle. Il espérait qu’elle fût en vie. En sécurité. Il l’espérait de toute son âme, de tout son cœur. De toutes ses tripes. Au point d’en avoir mal.
Au-delà de ces atermoiements empreints de doute et de peur, et au bout de deux mois d’une séquestration imposée par la situation sanitaire qui avait dégénéré, il fallut envisager d’évacuer l’hôtel déserté de son personnel, et dont les réserves avaient drastiquement baissé, faute de réapprovisionnement. A la fin du mois de mai, les derniers résidents et rescapés de l’hôtel avaient migré au dernier étage des différentes ailes du complexe qui cernaient le jardin intérieur. Ce dernier, désormais condamné, avait vu ses ravissantes allées bordées de fleurs et ombragées de charmes investies par les premiers rôdeurs. La stupeur fut à l’aune du carnage qu’ils semèrent lors d’une “modeste” réception de mariage avant que les tirs nourris des agents de sécurité ne réussissent à en venir à bout. L’initiative téméraire de quitter la discutable sécurité de l’hôtel fut lancée par un trio d’amis randonneurs, originaires du Texas. Ces trois-là s'enhardirent à frapper à toutes les chambres pour attirer l’attention des derniers occupants et ainsi leur proposer de se réunir dans une des salles de conférence que proposait le luxueux complexe. Après un exposé peu encourageant qui opposa volontaires, indécis et réticents, le groupe ainsi constitué d’une vingtaine d’âmes décida de quitter Dallas par la route 45 qui menait vers Houston et sa zone portuaire. Puisqu’aux dernières nouvelles, avant qu’une forme de blackout n'englobât le pays tout entier, toute évacuation du territoire était proscrite par voie de terre, peut-être la mer offrirait-elle une échappatoire à ce délire ? Seyit s'accorda sur la démarche, malgré une Cansu qu’une terreur tenace rendait obstinément réfractaire à quitter la ville texane et leur refuge tout relatif.
En l’espace de quelques heures empreintes de stress, ils furent prêts. Les valises à roulettes, trop encombrantes et bruyantes, furent délaissées au profit de sacs à dos chapardés dans quelque chambre abandonnée, allégés de tout effet inutile mais alourdis de produits de première nécessité et de denrées nécessaires issues des gigantesques cuisines de l’hôtel. Seul bien précieux à ses yeux que Seyit refusa d’abandonner, l’emblématique violon de Melike fit partie du voyage, battant le dos de l’artiste musicien dans sa coque de protection. Le couple Yilmaz, sans véhicule, ainsi que le Concierge du Crescent, embarqua dans l’énorme pick-up des trois excursionnistes, tandis que le reste de la troupe se débrouilla avec ses propres moyens de locomotion : qui avec sa moto, qui avec un fourgon, qui avec sa voiture personnelle ou de location. Profitant d’une accalmie de la principale meute d’infectés qui semblait s’être déplacée vers l’ouest de la Crescent Court, ils désertèrent les murs lugubrement silencieux de l’hôtel à l’aube du 13 juin 2034 et, le Ford Ranger ouvrant la marche, ils empruntèrent la 75 Central Expressway en direction du sud et de ce qui paraissait être pour eux la route de la liberté.
Equipement Porté :
N/A
Accessoires Pratiques :
N/A
Contenants Personnels :
N/A
Seyit Yilmaz
Fiche de personnage Points de RP: (219/1200) Etat Mental: (100/100) Crédits: (0/1000) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 30 Oct - 21:15
Quelles zones de l'État votre personnage a-t-il fréquentées ?
Corsicana High School, 3701 E State Hwy 22, Corsicana 13 juin 2034 - 18 octobre 2034
Les locaux de la Corsicana High School ont été réquisitionnés par le maire de la bourgade, en raison de sa proximité avec le centre hospitalier qui se situe sur la même State Highway 22, à l’Est. Il est secondé par les services de police dont les quelques cordons de sécurité, constitués d’un effectif certes réduit mais grossi de bénévoles aptes à se servir d’une arme à feu, sont disséminés sur les axes principaux qui bornent le secteur sécurisé. Ainsi peuvent-ils contrôler et diriger les malheureux fuyards des proches métropoles infestées de charognards vers les murs protecteurs du lycée ou de l’hôpital voisin.
Richland Fire Department, 103 Main St, Richland 19 octobre 2034
A peine une vingtaine de minutes séparent Corsicana de Richland. La caserne de pompiers, entourée d’un réseau de barricades et de barbelés sert de refuge à un groupe d’une vingtaine de personnes. Une entrée remarquée qui, escortée du feu nourri de détonations, voit le Ford Ranger méchamment criblé de balles tandis qu’une horde de rôdeurs investit les abords du complexe. Le véhicule, dont le pare-brise a explosé et dont une roue est crevée, poursuit sa route paniquée jusqu’à la sortie de la ville. Le pick-up au capot fumant est abandonné et le groupe poursuit à pied.
Midway Landing, 14860 Midway Landing Rd, Streetman 21 octobre 2034 - 13 avril 2035
Streetman est situé au sud-est de Corsicana, sur le lac Richland-Chambers. Développé en tant qu'approvisionnement en eau de la région de Fort Worth, le lac est réputé pour attirer les pêcheurs de silures, de mariganes et de bars. Il est l'un des plus grands réservoirs de pêche du Texas, et véritable manne pour cette activité très prisée de la vingtaine de communautés qui s’est installée sur ses rives. Situé dans les comtés de Navarro et de Freestone, ce vaste territoire voit ses berges piquetées de marinas privées, de centres nautiques, de restaurants, de magasins, de quais et de rampes d’accès qui facilitent la mise à l'eau de bateaux de pêche, de canoë et de kayaks. Sur ses abords se disputent également terrains de camping, cabanes et résidences de villégiature. La route qui en longe les contours est bornée d’étranges bûchers, certains encore grésillants d’un récent brasier.
75 Gov Wood Dr, Point Blank 17 avril 2035 - 23 juillet 2035
Point Blank est une modeste ville du comté de San Jacinto et qui, avant les événements de l’Apocalypse, dénombrait près de mille âmes. Elle est située sur la rive ouest du lac Livingston qui, comme Richland-Chambers, abrite une forte communauté de pêcheurs, mais également de chasseurs. La région est aussi réputée pour accueillir dans ses eaux quelques beaux spécimens d’alligators.
Cleveland Correctional Center, 901 E 5th St, Cleveland 25 juillet 2035 - 5 septembre 2035
Le centre correctionnel de Cleveland abrite principalement des détenus en attente de jugement et des personnes en attente de leur peine. D’une capacité d’environ soixante-dix individus, pouvant être rehaussée à quatre-vingt-dix en cas d’urgence, il n’abrite plus désormais qu’une cinquantaine de survivants ayant échappé à la vague des rôdeurs et à l’apparition subite des coureurs et des marcheurs nocturnes, ces derniers ayant fait des ravages dans la région située autour du lac Livingston.
Tarkington Primary School, 2770 FM 163, Cleveland 5 septembre 2035 - 8 décembre 2035
Avec l’émergence d’une nouvelle menace nocturne, la communauté survivante de Tarkington s’est réfugiée au sein de son école primaire, à la construction moderne et pratique. La bourgade est entourée de pâturages, de forêts traversées de sentiers balisés et d’étangs. Des bosquets qui se sont vus en partie dépouillés de leurs arbres afin de renforcer la clôture grillagée de rondins, ainsi que de plaques de tôles prélevées des garages, des granges ou des écuries avoisinantes abandonnées. Ce lieu est l’ultime halte de Seyit avant qu’il ne s’engage sérieusement vers le sud de Houston.
Sur les routes Décembre 2035
Il s’agit de la dernière ligne droite avant que Seyit n’atteigne les contreforts orientaux de Houston, de la Highway 146 à la Virginia Road, en passant par la Gulf Freeway.
Dans quels groupes votre personnage a-t-il évolué ?
Corsicana High School, 3701 E State Hwy 22, Corsicana 13 juin 2034 - 18 octobre 2034
Joselito Miguel, maire de Corsicana, modeste bourgade du Comté de Navarro, a réquisitionné les bâtiments de la Corsicana High School, profitant ainsi de sa proximité non négligeable avec le Centre hospitalier à quelques minutes à l’est de sa position. Il est épaulé par les services de police et les bénévoles qui assurent la surveillance du secteur. Une centaine de personnes se sont réfugiées entre les murs du vaste campus. Les résidents qui y séjournent déjà sont en majorité des étudiants qui, au moment de la quarantaine, s’attellent aux derniers examens de leur cycle d’études et se retrouvent ainsi coincés avec quelques professeurs. Une vingtaine de familles se mêlent à ce tableau.
Le groupe auquel Seyit et Cansu se greffent se compose ainsi : Pietro Balducci, Concierge international au Crescent Court ; Isaac Russell, un étudiant en droit commercial et grand amoureux de randonnée, de pêche, véritable force de la nature dont rien ne semble ébranler l’optimisme jovial et un moral à toute épreuve. Il est fiancé à Paige Cole, fille d’un riche propriétaire d’un ranch situé dans le nord de l’État. Le troisième larron, Hugh Terrell, est un ami des bancs de la faculté d’Isaac. Lorsque les événements liés à la pandémie secouent la nation, puis le Texas, le trio est en partance pour une randonnée du côté du lac Richland-Chambers, où l’un des oncles maternels d’Isaac tient un magasin de matériel de pêche. Ce groupe demeure à Corsicana jusqu’à l’incident de contamination qui les oblige à fuir les lieux.
En effet, cette récente zone de sécurité ne tient que le temps d’un trimestre avant qu’elle ne soit infectée de l’intérieur. Quand ? Comment ? Où ? L’incident n’est pas immédiatement notifié, et la contamination se propage dans une aile du complexe étudiant tel un feu de forêt : rapide et terrible, sans possibilité de l’arrêter. Jusqu’à ce que la panique n'éclate et que le campus ne se vide de ses résidents affolés à l’instar d’une nuée de sauterelles. Sous le feu nourri d’agents de police et du soutien d’une poignée de citoyens armés, Seyit et sa femme réussissent à échapper de justesse à l’affolant capharnaüm qui s’empare de la zone en à peine une journée. Partageant la même chambre étudiante que le concierge et les trois randonneurs, ils s'enfuient tous ensemble à bord du Ford Ranger.
Midway Landing, 14860 Midway Landing Rd, Streetman 21 octobre 2034 - 13 avril 2035
En lieu et place d’un magasin de pêche, le groupe découvre un site dévasté, pillé, dont les occupants Sallie et Josh Harvey - ce dernier s’avérant être le fameux oncle d’Isaac - ne sont plus que deux êtres décharnés, errant sans but dans leur jardin clôturé. Après avoir réussi à mettre fin à leur état végétatif, ils poursuivent vers l’est et parviennent à Midway Landing. La communauté de cette zone lacustre dépendant de la commune de Streetman est sous la responsabilité du vieux Samuel Tate, vétéran militaire, de son épouse Joan et de ses deux fils : Robert et William. Des familles de pêcheurs, des vacanciers, des retraités, un groupe de chercheurs ornithologues, en composent le principal tableau. Sous l’égide de Samuel, le vaste terrain qui borne l’étendue d’eau est assujetti à des tours de ronde et de garde auxquels se joint Seyit ; il bénéficie, en prime, de quelques cours d’instruction sur le maniement d’armes de poing que lui prodigue volontiers l’ancien G.I. Un exercice avec lequel il renoue, à l’instar d’une piqûre de rappel, puisqu’il n’a plus eu l’occasion de toucher une arme depuis son service militaire effectué huit ans plus tôt dans le sud de l’Anatolie. A l’instar de ses compagnons d’infortune, le violoniste apporte également sa part de contribution en participant aux longues virées de pêche sur le lac, ainsi qu’aux excursions le long de ses vastes rives afin de faire du troc auprès des autres communautés établies sur ses berges. Quant à son épouse Cansu, elle demeure cloîtrée, la plupart du temps prostrée dans un coin.
Au début du mois de mars 2035, la relative sérénité de ce cadre rural est mise à rude épreuve avec l’arrivée pétaradante d’une bande conséquente de bikers, dont le leader à l’esprit déséquilibré, James Kelleher, a eu de sévères déboires avec la justice. Insultes, brimades, séquestrations et sévices sexuels s’invitent sous les toits et se donnent le change pendant près d’un mois. Car rien n’est trop beau pour assouvir les pulsions de cet aliéné qui se plaît aussi à affamer ses victimes tout en les soumettant à un chantage pervers. Une attitude que ses séides semblent tolérer avec une effrayante impassibilité. Pourtant, deux d’entre eux, visiblement excédés du rôle que leur implacable leader leur fait tenir, finissent par changer leur fusil d’épaule. Une nuit, ils décident de fomenter un plan afin de libérer le groupe captif du Stambouliote et l’aide à prendre la fuite. Malheureusement, la traîtrise est percée à jour, et l’alerte donnée. Une fusillade s’ensuit ; couvrant l’évasion d’Isaac, Paige, Seyit, Hugh, Pietro ainsi que de ses deux fils, Samuel Tate perd la vie.
75 Gov Wood Dr, Point Blank 17 avril 2035 - 23 juillet 2035
La communauté de Point Blank n’a pas vraiment de leader attitré, surtout depuis le décès de leur maire et du chef du département de police, infectés l’un et l’autre à quelques jours d’intervalle. Se targuant d’avoir nettoyé le secteur couvrant les rives jusqu’à Wolf Creek, au sud, ils ne sont pourtant plus qu’une trentaine à vivre de ce côté-ci du lac Livingstone. Ils vivent de pêche, de chasse, et accueillent volontiers le groupe en fuite de Seyit à la condition que ses membres participent aux corvées de la communauté. Enfin, “participer” est un bien grand mot. Car leurs hôtes ne sont pas aussi organisés et soudés que pouvaient l’être les membres de la communauté de feu Samuel Tate. Et la sécurité laisse à désirer. De vieilles querelles de famille, de travail et de voisinage entachent un quotidien de plus en plus laborieux et exacerbent les tensions nourries par l’angoisse, la peur d’un lendemain à l’horizon fataliste. De façon naturelle, le charismatique Isaac s’impose et donne sa poignée d’ordres pour éveiller ce secteur engourdi par la passivité et les chicanes intestines.
Cependant, l’apparition des coureurs et d’une nouvelle menace sévissant au plus noir de la nuit sonnera le glas des rescapés de Point Blank.
Cleveland Correctional Center, 901 E 5th St, Cleveland 25 juillet 2035 - 5 septembre 2035
Géré au quotidien par les survivants d’un petit état-major constitué de l’ancien shérif du comté de Liberty faisant office de commandant du centre, de quatre officiers, de deux sergents et du personnel de transport, le centre correctionnel de Cleveland n’abrite plus désormais qu’une cinquantaine de rescapés ayant échappé à l’apparition subite des coureurs et des marcheurs nocturnes, ces derniers ayant fait des ravages dans la région située autour du lac Livingston. C’est en ce lieu que l’évocation d’une “safe zone” volète aux oreilles de Seyit sans qu’il n'obtienne davantage de renseignements ; une vague allusion laissée à l’abandon dans le sillon nomade de groupes de passage, une soi-disante “oasis” entourée de murs si hauts que nul rôdeur ne peut y pénétrer. Un refuge, un asile. Le dernier bastion de l’espoir. Le paradis… Autant d’attributs à la promesse trop alléchante pour être prise au sérieux et qui se heurtent à la porte d’un esprit rétif et assombri depuis les événements de Midway Landing et de Point Blank.
Suite à une altercation “préméditée” entre deux détenus, dont l’un réussit à s’emparer de l’arme d’un des deux sergents venus les séparer, le bâtiment carcéral est rapidement investi par la dizaine de hors-la-loi qui revendiquent ainsi leur liberté. Entre hilarité débridée et cris d’hystérie, ils tirent à tout-va. Sans vraiment chercher à blesser ou tuer, ils provoquent néanmoins une panique générale qui pousse les réfugiés à fuir les lieux. Pendant cette débandade, Pietro est accidentellement tué en chutant dans les escaliers, le cou rompu. Ayant perdu son groupe de vue, Seyit se décide à son tour à quitter la protection du centre pour fuir vers le sud sans autre moyen de locomotion que ses jambes.
Tarkington Primary School 2770 FM 163, Cleveland 5 septembre 2035 - 8 décembre 2035
C’est au bout d’une vingtaine de kilomètres et près de dix heures de marche que Seyit découvre les clôtures panachées de bois et de plaques de tôles de ce qui s’avère être une école primaire. C’est en ce lieu que se terre désormais ce qu’il reste des habitants de la petite ville de Tarkington, à savoir près de quatre-vingts âmes. Si la mise peu engageante du Stambouliote lui vaut l’accueil des canons de deux carabines pointées sur lui, la tension retombe vite à la suite de l’intervention diplomate de celui qui s’annonce comme responsable de cette communauté : Cliff Monaghan. Bien que méfiant et rôdé à l’exercice, ce dernier apaise rapidement le branle-bas paniqué provoqué par son trio de petites-filles - l’aînée Lucy et les jumelles Alyssa et Emily - et leur mère Rachel, qui n’est autre que sa belle-fille. Sous les toits de ce refuge vivent les familles rescapées de membres décimés par ce que les rumeurs identifient comme étant ces funestement célèbres marcheurs nocturnes et que d’aucuns n’ont jamais vus. Le fils de Cliff a été au nombre des victimes.
Les jours et les semaines qui se succèdent s’avèrent tendus et compliqués pour le Turc qui a accepté l’hospitalité du très charitable Cliff. Jared Atkins, l’un des amis proches du cocon familial des Monaghan, apprécie peu la présence de Seyit malgré l’aide que ce dernier apporte au quotidien dans les quêtes hebdomadaires qui les emmènent par groupes et à tour de rôle ratisser les quartiers de la ville, pêcher dans les proches lacs et étangs ou chasser en forêt (même si le Stambouliote joue davantage à faire le guet qu’à participer à d’éventuelles battues) ; ainsi que dans les soins prodigués à la misérable poignée de chevaux qu’ils ont réussi à sauver d’un précédent carnage, à ce qu’il leur reste d’un chiche poulailler qui leur fournit à peine l’équivalent de deux à quatre œufs par jour. Et le jeune et fougueux Texan le tolère d’autant moins que sa présence semble perturber autant Rachel que sa fille aînée Lucy, dont il est amoureux. Les jours qui suivent voient se succéder disputes, scènes de jalousie et menaces déguisées. Ces incidents, sans apparente conséquence, animent et entretiennent un quotidien dont la difficulté croissante exacerbe tout l’éventail d’émotions expérimenté par le quatuor féminin et un Jared de plus en plus désobligeant.
A la fin du mois de novembre, une bagarre éclate entre deux groupes dont le sujet de discorde concerne l’abattage d’un des chevaux pour pallier le rationnement qui s’avère de plus en plus ardu à maîtriser. Malgré les cris de protestation et les pleurs, et afin d’obtenir une trêve qu’il sait limitée dans le temps, Cliff tranche et accepte qu’un des équidés soit sacrifié.
Au beau milieu de la nuit du 7 décembre, le sommeil de Seyit se voit perturbé par la visite de Rachel qui lui manifeste sans détour des intentions explicites, sous prétexte de s’offrir à lui en guise de présent d’anniversaire. L’attaque sans vergogne ne faisant pas mouche, la séductrice tente de l’amadouer avec les larmes d’une veuve en mal de tendresse. Si la démarche en elle-même peut prêter au sourire et à la flatterie, l’homme n’en reste pas moins sidéré par cette attitude qu’il juge peu digne d’une mère de famille ; qui plus est, le souvenir d’une Cansu caparaçonnée d’un esprit obsessionnel, possessif et jaloux a laissé sur lui l’empreinte profonde d’une certaine aversion. Il la repousse fermement. Comprenant qu’il est désormais en terrain miné et qu’il ne peut s’accommoder d’un tel climat malaisant et toxique, et quand bien même il signe là son arrêt de mort, Seyit refuse de prolonger son séjour plus longtemps. Au grand dam de Cliff qui, bien que chagriné par ce départ, ne lui tient pas rancune. Afin d’éviter qu’un autre cheval soit mis à contribution pour servir de futur repas à la communauté affamée, ce dernier lui cède une de ses bêtes, et juste de quoi boire. Sur ces entrefaites, le Stambouliote abandonne la relative protection de l’école et part en direction du sud.
Comment votre personnage a-t-il vécu la seconde apocalypse ?
Vers la fin du mois de juin 2035, la petite communauté de Point Blank voit débarquer trois motocyclistes sur leur Harley-Davidson qui leur tiennent un compte-rendu aussi affolant que déroutant. D’après ses dires, le bavard trio arriverait de Burkeville, à l’Est, après avoir longé la frontière sur des centaines de kilomètres dans l’espoir de passer au travers pour filer vers la Louisiane. Une démarche bien vaine, de ce que ces trois-là ont pu juger, en raison d’une forte concentration de rôdeurs s’agglutinant au pied de l’enceinte. La présence de ces hordes infatigables les ayant découragés, ils ont ainsi poursuivi leur périple, bifurquant vers l’Ouest. En traversant Jasper, Woodville, Livingstone et Onalaska, les H.O.G. auraient fait face à plusieurs scènes d’un véritable carnage sanglant et Point Blank, qu’ils viennent juste d’atteindre, serait la première ville “épargnée” qu’ils découvrent. Du peu d’indices qu’ils auraient réussi à rassembler en menant leur petite enquête, le trio se serait mis d’accord sur le fait qu’il s’agirait d’infectés œuvrant la nuit, sorte de nouveaux prédateurs nocturnes. Si leur mise en garde sonne le glas de la méfiance, elle ne pousse pas le groupe à quitter les lieux. Une semaine plus tard, des hurlements humains, terrifiants, dont la portée atteste d’une sauvagerie sans nom, les réveillent en pleine nuit et les laissent présager du pire. Au petit matin, une scène de cauchemar les accueille, silhouettes hébétées, incrédules et le sang glacé de terreur : des corps déchiquetés, mutilés, démembrés et à moitié dévorés gisent aux abords de plusieurs maisons situées sur la rive nord de la bourgade. L’attaque a été d’une férocité extrême, le modus operandi très éloigné de ce qu’ils ont déjà appréhendé de la part de l’habituel charognard.
Les faits n’en restent pas là. Trois autres attaques ont lieu au fil des nuits qui succèdent ce premier carnage, réduisant drastiquement le nombre des survivants s’étant établis sur les rives du lac. Toute sortie nocturne est désormais proscrite et, après ces mois d’un relatif répit, terreur et insomnie sont à l’aune de leur incapacité à connaître l’origine de cette nouvelle menace. Nul survivant ne permettant d’apporter la moindre alerte ou le moindre témoignage quant à ces attaques d’un autre acabit, Seyit et ses comparses ne peuvent se contenter que de rumeurs peu engageantes et de preuves qu’un autre mal est à l’œuvre aux heures les plus sombres de la nuit.
C’est à contrecœur et les tripes alourdies d’une angoisse renouvelée que le groupe se résout à quitter la ville condamnée, à bord d’une vieille camionnette. C’est pendant leur périple vers Cleveland qu’ils croiseront, pour la première fois, un coureur savamment caché parmi une dizaine de rôdeurs bloquant leur route. Paige Cole, la fiancée d’Isaac, y perdra la vie.
Mentionnez des moments forts de la survie de votre personnage
Midway Landing, 14860 Midway Landing Rd, Streetman 1er décembre 2034
Les dernières notes de musique s’étiolèrent dans le vent glacé de ce morne hiver qui enlaidissait de sa chape chargée le ciel torturé de nuées et les rives sèches du lac. Ses vagues harcelaient le ponton sur lequel Seyit s’était installé, assis sur une chaise, près d’une Cansu recroquevillée au fond d’un large transat, sous un amoncellement de couvertures. Elle tourna son visage aux traits cadavériques vers son époux, un sourire grisâtre étirant ses lèvres abîmées, grignotées de traces de sang séché.
- Ne kadar güzel… souffla-t-elle péniblement. … Çok teşekkürler… Seyit…
Son regard d’un bleu délirant de fièvre, griffé d’un vestige de folie amoureuse, était obstinément juché sur le visage fermé de Seyit. Elle se contenta d’un acquiescement affirmé, douloureux, qui ponctuait cet interlude musical et confirmait l’échéance irrévocable de sa propre fin. L’heure n’était plus ni aux larmes ni aux tergiversations. Cansu avait contracté ce mal qui la dévorait de l’intérieur depuis l’aurore ; chacune de ses toux la voyait se vider de son sang. Elle n’était pas dupe. Elle savait ce qui allait advenir d’elle, elle devinait l’épilogue inéluctable que ces symptômes paraphaient de leur encre sanglante et délétère. Elle refusait de mourir ainsi, dans ces conditions, et tout en sachant ce que son corps deviendrait… après. Un être sans âme, décharné, qui se retournait contre l’ami, le père, le frère, et n’avait que pour seule obsession de s’abreuver de leur chair, de leur sang. Et Seyit en était tout autant conscient. Tout comme l’était le chef de la petite communauté qui s’était installée sur les rives sud du lac, le vieux Samuel Tate, militaire à la retraite. Lui-même avait vécu ce drame avec l’un de ses fils ; il avait assisté à son agonie, fulgurante et sans appel. Avant d’être amené à abréger ses souffrances.
Le violoniste opina du chef, validant ainsi la muette requête. Le cœur battant à tout rompre, la nausée serrant sa gorge, il abandonna violon et archet sur la table ronde et quitta la chaise. Fomentant un pas vers Cansu, il se baissa pour la prendre dans ses bras. Dieu Tout-Puissant ! qu’elle avait maigri, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Son misérable fardeau serré étroitement contre lui, il quitta la pergola de bois qui bordait l’extrémité du petit quai et descendit vers la berge sablonneuse. Sur l’étroite langue siliceuse les attendait un canoë. Il déposa avec précaution la moribonde tremblante dans le fond plat de l’embarcation déjà alourdi d’un énorme sac de toile. Il poussa l’esquif dans l’eau avant de bondir à l’intérieur. Attrapant les rames, il coordonna ses mouvements de façon à éloigner le canoë des abords du quai privé pour le diriger vers l’intérieur du lac.
Son faciès émacié, étoilé de vilaines veines violacées, et levé vers les nuées, Cansu observait les cieux moutonnés de stratus dont les dégradés de gris s’étalaient jusqu’à l’horizon qu’aucun relief ne perturbait. Un laborieux effort à braver le courant contraire qui malmenait la frêle embarcation entraîna Seyit et son chargement loin de la grève. Guettant d’une oeillade la distance parcourue qu’il jugea suffisante, il cala les rames et, en silence, s’attela à ouvrir l’énorme sac d’où il extirpa une corde à laquelle étaient fixés deux énormes poids en fonte de près d’une vingtaine de kilos chacun. Une autre quête tactile aux élans tremblants lui fit extirper une arme à feu, un Browning Mark III qu’il attrapa par sa crosse. Il en dissimula la présence au regard soutenu de Cansu dont il croisa la mire fébrile. Cette dernière lui dédia un sourire qui se voulut encourageant, malgré la détresse et la frayeur qui chatoyaient à la surface de ses prunelles et en faisaient vibrer l’émail céruléen. Qu’aurait-il pu lui dire pour l’apaiser, pour l’escorter vers ce trépas précipité ? Il aurait pu lui être favorable, s’incliner et lui offrir ces mots qu’elle espérait et appelait de toute son âme, aussi malade fut-elle, depuis qu’il lui avait passé l’anneau conjugal au doigt. Il aurait pu lui céder cette ultime requête. Il aurait pu étendre un voile sur sa propre conscience, étouffer les picots ardents que sa mémoire entretenait pour cacher à ces yeux bleus larmoyants, implorants, un autre tourment. Une autre douleur. Il aurait pu. Il n’en fit rien.
Le soleil crevait l’horizon à l’Ouest lorsqu’une détonation claqua dans l’air glacial, fissurant le silence morbide qui régnait en maître sur le lac. Le canoë esseulé flotta sur les flots agités d’une protestation écumeuse bien après que l’astre solaire eût disparu derrière les têtes rabougries des bosquets dénudés ; bien après qu’une lune blafarde n’en accusât la retraite accablée vers le rivage.
Entre rires hystériques et sanglots nerveux, la prise de conscience de son acte brinquebala l’esprit de Seyit jusqu’aux portes de l’aube, les clapotis de retour de son canoë accueillis par un Samuel inquiet qui le reçut d’une accolade franche et paternelle. Fait étrange, ce chapitre tragique le soulagea du fardeau d’un mariage consenti du bout des lèvres ; brisa les chaînes que l’obsession névrosée de Cansu avait patiemment érigées autour de lui ; le libéra du poids d’un devoir qu’il s’était tenu d’accomplir en apparence pour le seul souci d’apaiser les consciences étriquées de leur famille respective que les lois de la bienséance et des séculaires traditions étranglaient encore en ces temps jugés modernes.
◈◈◈
Constamment sur le qui-vive, la peur chevillée au corps, c’est ainsi que d’aucuns purent juger du comportement et de l’état psychologique que Seyit expérimenta tout au long de cette période. Loin du confort et du luxe qui furent toujours siens depuis qu’il poussa son premier cri, l’obligation de devoir toujours assurer ses arrières pour préserver sa vie, secoua les fondements d’une existence dont le tempo au rythme intransigeant avait toujours été suivi à la lettre, comme l’on suit les notes d’une partition sacrée. Son passé de star de la scène musicale sacrifié désormais sur l’autel d’une menace constante et de la mort omniprésente, Seyit n’avait d’autre choix que de s’en accommoder et de s’adapter.
◈◈◈
L’attaque-surprise puis l’investissement brutal du secteur de Midway Landing par une cohorte de motards a vu sa relative quiétude disparaître du jour au lendemain. Impuissant, Seyit assiste aux exhibitions aussi théâtrales qu’ignominieuses d’un leader cruel, ainsi qu’à l’abject de ses déviations. Tout comme ses compagnons, il est soumis à des séances de maltraitances et à la faim, est forcé d’être spectateur du viol des rares femmes du campement, dont Paige, la fiancée d’Isaac. Dans l’épisode sanglant qui, quelques semaines plus tard, témoigne de l’évasion de son groupe avec lequel il fuit, il est témoin de la mort héroïque du vieux Samuel Tate qui a défendu les siens jusqu’au bout. Le décès de ce vétéran loyal et patriote aura laissé un vide dans le cœur de Seyit qui s’était attaché à lui et voyait en ce touchant personnage l’image du père qu’il aurait aimé avoir ou tout du moins tel qu’il aurait voulu que son propre père, Serhat, soit. Midway Landing et la série noire de ses événements ont ainsi ajouté leur part d’angoisse, de tension et d’insécurité dans l’esprit de cet expatrié.
Qu'est-ce que votre personnage a fait pour survivre ?
Seyit s’est toujours cantonné à un rôle de suiveur, à l’instar du musicien qu’il est, guidé par la baguette du chef d’orchestre. Sa posture n’est pas celle d’un meneur d’hommes, et il s’est fait fort de ne pas attirer l’attention sur lui ; car le constat d’autrui, et plus particulièrement d’individus manquant de culture ou simplement dénué d’ouverture d’esprit, sur son profil typé, sa linguistique maladroite ou sa religion pourtant non affichée l'accable déjà d’une belle étiquette d’étranger, voire de type à surveiller. En dépit de ces considérations, il a toujours cherché à se rendre utile, à apporter son concours du mieux qu’il a pu, aidant aux divers travaux d’intérêt général, à la surveillance du périmètre, aux activités de pêche, de nettoyage de secteurs harcelés de rôdeurs, que ce soit à pied, en véhicule ou à cheval.
Equipement Porté :
N/A
Accessoires Pratiques :
N/A
Contenants Personnels :
N/A
Seyit Yilmaz
Fiche de personnage Points de RP: (219/1200) Etat Mental: (100/100) Crédits: (0/1000) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 30 Oct - 21:15
Récit d'Arrivée à Houston
Sur la Gulf Freeway Décembre 2035 | Une fin d’après-midi | 17h02
Tirant par ses guides de cuir un cheval à la robe gris pommelé, une silhouette masculine se déplaçait au milieu d’une étroite chaussée goudronnée. Cernée de chaque côté de canaux et bordée à intervalles irréguliers de palmiers aux têtes rabougries, la route en piteux état flirtait avec une voie de chemin de fer qui n’était plus entretenue depuis longtemps. Le soleil s’évadait sur le profil fatigué de l’homme, et ses fades rayons plongeaient le territoire dans une sinistre pénombre qu’accentuaient les picots taquins d’un crachin indécis. Cette courte journée de décembre touchait déjà à son épilogue. La chaleur s’était dissipée en un clin d’œil pour ne laisser libre cours qu’aux élans d’une brise iodée, froide, dont les cajoleries acerbes firent frissonner l’individu. D’un geste mollasson, il resserra les pans lâches de la chèche brune autour de son cou et rameuta les bords du capuchon de son sweat sur les épis écrasés, gras, de sa noire tignasse. À sa ceinture oscillait le Browning Mark III que lui avait légué le très regretté Samuel.
Depuis sa dernière halte aux abords de Kemah, le cavalier sillonnait à l’amble cette interminable route depuis plusieurs heures. Il évoluait avec la prudence d’un chat, faisant des arrêts dans divers endroits pour se cacher au moindre bruit suspect ou pour tenter de se réapprovisionner : un local à poubelles, une serre, une brasserie, un atelier d’art, une boutique de vêtements, une concession, un magasin d’ameublement et d’électroménager. Dans les quartiers d’habitats, la menace des rôdeurs était la plus présente et il avait évité ces lieux autant que faire se peut. Le quarter horse, que lui avait généreusement offert Cliff Monaghan et qu’il avait rebaptisé Mehmet, était d’humeur docile et lui obéissait sans renâcler. Et les heures s’écoulaient à un rythme d’une lenteur extrême, exacerbant sa nervosité. La fatigue et la faim le tiraillaient et l’affaiblissaient. Elles rognaient ses forces et son mental. Dans une situation comme la sienne, il y avait de quoi perdre pied. Isolé, égaré, il ignorait ce qu’il allait trouver au-delà de cette brume que la terre humide rejetait en ce crépuscule hivernal. L’Oasis pouvait être tout et n’importe quoi. Un lieu, une idée. Un espoir. Peut-être n’existait-elle autrement que dans l’esprit de ceux qui en avaient chuchoté l’éventuelle réalité ? Fardé de poussière, de crasse, son visage se voulait traduire le dépit, et l’épuisement qui était le sien. Ainsi que l’abattement qui fissurait son maintien, sous le poids de son sac à dos et de son inestimable instrument de musique dont la coque de protection en plastique ABS avait malgré tout subi bien des cabosses et des éraflures depuis le début de ce cauchemar. Depuis le début de ce dangereux périple sans véritable but que celui de survivre.
Le crachat franc d’une pluie plus soutenue le surprit dans les remuements nauséabonds de ses songes tandis qu’il abordait une intersection. Traversant la voie de chemin de fer sur laquelle ne passait plus aucun wagon, il dédia un rapide coup d'œil aux alentours. La perspective de s’engager vers la baie, alors que la nuit menaçait, le découragea de pousser ses pas plus avant et, entraînant Mehmet dans son sillage, il remonta la Virginia Road par la droite. Les cieux éployaient leur étendard nocturne lorsque, juste avant de s’engager sous le pont de la route 45, il atteignit une sorte de vaste chantier abandonné, hanté de ses engins de génie civil qui n’avaient pas terminé le terrassement de la zone. La nécessité de trouver sans tarder un abri pour son placide compagnon le poussa à investir les lieux. Son enquête le mena à jeter son dévolu sur un conteneur d’entreposage situé aux abords du pont. Par chance, l’énorme cadenas qui en condamnait l’ouverture latérale était déverrouillé. Il l’ôta et, entrouvrant à peine le massif panneau de métal, il vérifia qu’il n’y avait pas là quelque reste de rôdeur affamé. Aucun bruit. Il attira Mehmet à l’intérieur du conteneur et, après l’avoir soulagé du poids de sa selle, l’enferma. Il était hors de question qu’il dormît séquestré dans cette prison de tôle. Sa langue fustigeait déjà son palais d’un claquement de dépit lorsque, non loin, la silhouette impressionnante d’un tombereau articulé lui offrit un espoir alternatif. Il trottina jusqu’à l’engin de chantier pour grimper les degrés de la rampe d’accès d’un élan hâtif et atteindre sa portière. Son cœur rata un battement quand celle-ci céda à la traction nerveuse de ses doigts sans coup férir. Exhalant un soupir de soulagement fébrile, il s’engouffra rapidement à l’intérieur, s’enferma et s’attela à faire le moins de bruit possible tandis qu’il s’installait sur l’unique siège central dont il apprécia bêtement la suspension pneumatique. Se délestant de tout son barda, il fit l’effort de se déchausser comme le lui avait enseigné Isaac avant de se faufiler dans son sac de couchage. Jambes surélevées sur le tableau de bord, il laissa divaguer un regard étréci, las, sur les nuées qui fardaient la toile de l’empyrée de leurs coups de gouaches ténébreux. Nulle étoile, nulle lune n’était visible, ce soir. Une série de soubresauts nerveux et de dodelinements du chef voulurent attester de sa résistance, mais la tentation du sommeil eut vite raison de sa vigilance poussée à bout. Épuisé, il s’endormit.
Passablement parfumée des vapeurs salines, l’aube hivernale l’accueillit d’un tressaillement humide, désagréable. Un réveil engourdi le fit basculer en avant, forme frissonnante et avachie dans son fourreau imperméable, tandis qu’il observait le tableau de bord d’une mire floue. L’astre solaire affichait sa pudeur paresseuse derrière le paravent replet d’une cohorte de cumulus qui glissait lascivement à l’horizon oriental. Le Stambouliote s’ébroua d’un regain de courage et, attrapant son sac à dos, il en extirpa une gourde qu’il allégea d’une gorgée d’eau, histoire d’humecter sa bouche pâteuse. Ce qui eut pour effet immédiat d’exciter la mécanique de sa vessie. En quelques minutes, il rassembla ses affaires et s’extirpa du Bell B40E pour aller se soulager entre ses énormes roues. L’affaire consommée et entendue d’un reboutonnage rapide de braguette, il se rendit au conteneur pour en extirper Mehmet, laissant ce dernier paître quelques touffes d’herbe folle pendant un bon quart d’heure. Paraphant la fin de cette récréation en l’équipant à nouveau de sa selle, il abandonna le terrain vague pour retourner sur la route, cette dernière l’obligeant à passer sous le dais bétonné du pont de la 45.
A peine fut-il sorti de l’ombre imposante de l’ouvrage routier, les sabots de l’animal claquant sur le bitume, qu’il le vit...
... Le mur.
Equipement Porté :
N/A
Accessoires Pratiques :
N/A
Contenants Personnels :
N/A
Triss Anderson
Fiche de personnage Points de RP: (35/1200) Etat Mental: (100/100) Crédits: (116/1000) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 30 Oct - 21:17
Bienvenue Seyit, bon courage pour la rédaction de ta fiche ;)
Fiche de personnage Points de RP: (219/1200) Etat Mental: (100/100) Crédits: (0/1000) Réputation: (0/500) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Dim 27 Nov - 1:02
Bonsoir, Nous y sommes donc. Je notifie donc ici que ma fiche est terminée. Et comme dirait Seyit... Inşallah !
Equipement Porté :
N/A
Accessoires Pratiques :
N/A
Contenants Personnels :
N/A
Jarod Blake
Fiche de personnage Points de RP: (0/0) Etat Mental: (0/0) Crédits: (0/0) Réputation: (0/0) Informations scénaristiques: Blessures: Tatouages: Cicatrices:
Mer 30 Nov - 19:39
Bonsoir Seyit,
Je procède au retour de ta fiche avec un jour de retard, j'avais prévu de m'en occuper hier au soir, mais une coupure internet sur une partie de la soirée m'en a empêché.
Habituellement, je précise que mon retour inclut les avis de DVK et Strempton, or, ceux-ci ont parfaitement - à un détail près ou deux - adhéré à ta fiche de personnage. C'est donc en ma qualité de MJ que je vais m'attarder sur davantage d'éléments. Il se peut que tu considères ça comme du chipotage, toutefois, je dirais que le diable se cache dans les détails et ceux-ci me permettront d'être assuré que nous sommes sur la même longueur d'onde concernant le traitement de l'univers.
Autrement, la fiche est vraiment excellente. Tu as une plume sublime et il est évident que tu as soigné ta fiche en rapport d'avec le contexte et les différentes annexes. Il n'y a aucun excès, tu restes mesuré dans la plupart des événements liés au personnage et tu distilles diverses idées tout à fait intéressantes, en plus de proposer une fiche fournie et complète. Bravo.
Je ne me fais pas de soucis quant à ces quelques retouches qui ne te poseront pas de problème.
Par ailleurs, je vois que tu as opté pour un code qui permet d'intégrer les traductions des dialogues en turc, ce qui est une excellente idée et me permet d'accepter cet écart linguistique (justifié par l'histoire des personnages j'entends bien). Ceci étant, la sobriété des textes est une chose essentielle pour moi, et même pour nous, cela implique d'éviter les liens grossiers (en dehors de la fonction « insérer un lien » que tu as employée), les encadrés de texte et les petites choses comme les soulignements. Le but est de se restreindre aux couleurs des dialogues pour que les textes restent agréables à l'œil et la lecture semblable à celle d'un roman virtuel.
De ce fait, je t'invite à l'avenir - si tu souhaites intégrer des dialogues en langue étrangère - à utiliser le code [span] au lieu de [abbr], qui a le même avantage, mais sans le soulignement en pointillés. Tu n'as pas besoin de faire des modifications ici pour cela ni pour les titres soulignés, car dans la fiche ça n'est pas dérangeant outre mesure.
- Description Physique et Psychologique -
Rien à dire, hormis deux éléments de la description psychologique qui relèvent de l'affirmation et que je préférerais, par souci de fiabilité et de « probabilité » dirons-nous, soient retirés. Ils sont les suivants :
Citation :
Brillant sans arrogance [...]
Citation :
Son intuition se veut notable et d'une justesse insolite.
- L'Histoire Pré-Apocalypse -
C'est particulièrement développé et soigné, je te félicite.
Un extrait devra néanmoins être modifié, celui qui évoque l'opération Griffe du Tigre. En effet, je reprends un passage clé situé au début de La FAQ du Maître de Jeu (lien) :
Citation :
- D'une part, le caractère à la fois partiellement futuriste et contemporain alternatif du monde. L'univers ayant été créé en 2013, tout ce qui s'est passé dans le réel avant est globalement pris en compte, en revanche, ce qui est arrivé depuis ne l'est pas, car cela implique un impact civilisationnel que l'univers a décidé autrement. Par ailleurs, pas mal d'aspects de la société ont évolué, le premier sujet de contexte « Pré-Apocalypse : Le Monde en 2034 » l'explique dans les grandes lignes.
Il faudra évoquer une opération fictive. Je suggère de rester vague puisque tu ne vas pas dans le détail de ladite opération de toute manière, et c'est mieux ainsi, mais libre à toi d'y mettre un nom créé de toute pièce si tu le souhaites.
- L'Apocalypse -
Pour cette partie, c'est tout aussi fourni. Je tique un peu sur la formulation : Les jours et les semaines qui succédèrent à cette infernale nuit ne furent pas plus sereins. - étant donné que le virus se globalise en l'espace de quatre semaines à peine et que des événements majeurs, comme la perte des grandes métropoles, interviennent dès la fin de la première semaine. De même, le confinement de deux mois au sein de l'hôtel peut faire se questionner.
Cependant, je ne te demanderais pas de modification pour ces passages, car tout porte à croire dans la suite du récit et par le biais de toutes sortes d'éléments que tu as compris le contexte. Je m'y fierais donc.
- Post-Apocalypse : le Second Formulaire -
C'est là encore très bon, une note dorée au passage du Richland Fire Department qui apporte une vraisemblance très appréciée. Quelques points à évoquer :
Je vais d'abord parler de ce que nous appellerons « les mensonges ». Cela se rapporte à deux éléments ci-dessous.
Le premier : il n'existe pas - de ce que savent les personnages - de survivant à une attaque de chasseurs nocturne, ou de survivant à une communauté agressée par des chasseurs nocturnes, comme il n'existe pas de preuve avérée à leur sujet, sinon les carnages découverts et les solides rumeurs. Je pense à ces passages plus spécifiquement :
Citation :
Du peu d’informations qu’ils ont réussi à récolter de la part des rares survivants croisés sur leur route, il s’agirait d’infectés oeuvrant la nuit, sorte de nouveaux prédateurs nocturnes.
Citation :
Sous son toit vit également Jared Atkins, le fils unique et dernier survivant de leur proche voisinage, décimé par ce que les rumeurs identifient comme un marcheur nocturne.
Tu peux tout à fait les conserver en l'état, mais nous nous entendrons sur le fait que, même si Seyit peut y donner du crédit faute d'avoir des preuves tangibles, et hors du cadre du personnage, si des individus se sont revendiqués comme survivants aux chasseurs nocturnes, ou des proches les ont présentés comme tels, il s'agit de mensonges sans la moindre zone d'ombre. Bien sûr l'autopersuasion existe, l'interprétation des faits, les traumatismes, les névroses ; néanmoins et dans les faits ça n'est pas possible.
Autre passage, qui est situé juste avant la première citation ci-dessus d'ailleurs :
Citation :
Vers la fin du mois de juin 2035, la petite communauté de Point Blank voit débarquer trois motocyclistes sur leur Harley-Davidson qui leur tiennent un affolant compte-rendu. Ils arrivent de l’Est, de Burkeville, après avoir longé la frontière sur des centaines de kilomètres dans l’espoir de passer au travers pour filer vers la Louisiane. Une démarche bien vaine en raison d’une forte concentration de rôdeurs s’agglutinant au pied de l’enceinte. La présence de ces hordes infatigables les ayant découragés, ils ont ainsi poursuivi leur périple, bifurquant vers l’Ouest. En traversant Jasper, Woodville, Livingstone et Onalaska, les H.O.G. font face à plusieurs scènes d’un véritable carnage sanglant et Point Blank, qu’ils viennent juste d’atteindre, est la première ville “épargnée” qu’ils découvrent.
Au-delà de l'éventuel téléphone arabe, des contrevérités et des fabulations qui les ont amenés à évoquer des survivants à des chasseurs nocturnes, ces motards mentent sur le fait d'avoir fait ce voyage. Il est impensable qu'ils aient voyagé aussi longtemps que l'on peut l'imaginer et sur de telles distances à trois avec des motocycles. La sédentarité est indispensable à la survie depuis la fin de l'été 2034, car les ressources, en particulier la nourriture, deviennent trop rares et arpenter le no man's land rend chaque kilomètre infiniment plus ardu à franchir qu'autrefois. Il est même probable que Seyit se soit dit qu'il s'agit de vantards venus d'une communauté de la région pour déblatérer des inepties afin de se faire mousser, même si cela peut se baser sur des racontars plus concrets (je pense aux rumeurs sur les chasseurs nocturnes).
Autre point, pour être sûr :
Citation :
Une semaine plus tard, des hurlements terrifiants, dont la portée atteste d’une sauvagerie sans nom, les réveillent en pleine nuit et les laissent présager du pire.
Il est bien question de hurlements d'êtres humains.
- Ranch de Tarkington -
Passons à ce qui va nécessiter des retouches plus poussées puisqu'il s'agit du véritable et seul « nœud » de la fiche, et cela concerne essentiellement les deux mois passés au ranch de Tarkington, à Cleveland, sur la fin de l'histoire. J'ai un souci avec ce passage, car, pour faire simple, la communauté du vieux Cliff Monaghan semble correspondre à un petit groupe sans histoire de début d'apocalypse. Je m'explique : comme raconté dans le contexte, arrivé à fin 2035, les Safe Zones deviennent absolument indispensables pour survivre. Les petites communautés ont disparu et les communautés de taille moyenne, qui tentent de rester indépendantes, vivent un enfer, que ce soit pour se ravitailler, pour se protéger, et globalement pour survivre.
La recrudescence des coureurs qui fait chaque sortie et chaque attaque sur camp terrible, l'existence horrifiante des chasseurs nocturnes, le monopole qui s'installe via les Safe Zones rendant difficiles les échanges et le troc, sans parler des survivants qui arpentent le no man's land se constituant en substance et pour la plupart de chevronnés qui le plus souvent ont perdu leurs états d'âme, tout cela fait que ces communautés relatives se retrouvent isolées et peinent à se débrouiller. Lorsqu'elles ne tombent pas plus ou moins en lambeaux, elles sont confrontées à des épreuves extrêmement dures pour s'en sortir. La quête des Safe Zones n'est plus tant une option, qu'un besoin sérieux et les rares communautés qui s'entêtent à s'en tenir éloignées le paient chèrement.
Hors, cette petite communauté à l'environnement familial chrétien et positif, pour citer ce passage, dans un petit ranch avec des chevaux et un certain bon vivre - c'est en tout cas ainsi que je le perçois, n'a plus lieu d'être à cette époque. Sans parler du fait qu'ils semblent se plaire dans leur communauté et ne s'intéressent pas aux Safe Zones. Les petites choses qui rythment la présence de Seyit ne sont pas gênantes en soi, mais tout a l'air de trop bien se passer pour eux et ils peuvent même se permettre de céder un cheval à Seyit par charité.
Il faudra revoir ce passage, d'une façon ou d'une autre, pour mieux correspondre à l'époque profondément pénible, surtout que cela impacte directement le récit d'arrivée puisque Seyit est accompagné d'un équidé et que son départ du ranch le conduit à se rendre à l'Oasis, sans que Cliff et les siens aient même souhaité y réfléchir à priori.
Je me fie uniquement à ce que je lis et il se peut que de ta fenêtre j'interprète mal certaines choses, c'est possible, mais c'est effectivement ce que cela dégage comme analyse. Je te laisse te pencher sur la question.
- Récit d'Arrivée à Houston -
Deux choses simples :
Le Browning Buck Mark (je le note ici même s'il a été évoqué avant) doit être remplacé par une arme disponible dans la Bibliothèque des Items.
Pour l'équidé de Seyit, il ne peut pas passer la nuit dehors, à l'air libre, et attaché. Il s'agit d'un être vivant, tout autant cible des chasseurs nocturnes et autres monstres de la nuit qui ne feront qu'une bouchée de cette proie facile. Il est indispensable que Seyit le mette à l'abri s'il veut que la monture survive.
- Compétences -
Concernant les compétences, je note que tes prévisions n'incluent pas de palier dans la discipline Chasseur, pourtant, tu évoques le fait que Seyit participe à de la chasse, il faudra soit y pallier (on peut le dire), soit retirer le fait que Seyit ait chassé.
Il y a tout de même un passage qui m'a fait bloquer dessus :
Citation :
En dépit de ces considérations, il a toujours cherché à se rendre utile, à apporter son concours du mieux qu’il a pu, aidant aux divers travaux d’intérêt général, à la surveillance du périmètre, aux activités de pêche, de chasse, de nettoyage de secteurs envahis de rôdeurs, que ce soit à pied, en véhicule ou à cheval.
Tu évoques que Seyit a concrètement participé au nettoyage de rôdeurs sur des secteurs. Outre le fait que ces secteurs se doivent d'être restés restreints, il n'est pas question de liquider des centaines de spécimens avec une équipe de quelques personnes d'une communauté, ce que tu as envisagé pour les disciplines se rapportant au combat (physique et armes) sont bien trop légères pour que le personnage ait tué du rôdeur en nombre.
Il sera obligatoire de choisir entre rehausser ces compétences pour en faire un combattant réellement capable et plus aisément retirer cette implication.
- Conclusion -
Quelques retouches, un passage qui mérite d'être réellement revu bien que ce soit tout de même très relatif, et des précisions. En dehors, je persiste et signe sur la qualité de la fiche. Cela se voit que tu as longuement pesé, pensé et travaillé ce personnage en respectant l'univers, et je me ferais un plaisir de le valider dès que ce sera bon.