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Fawn N. Hattaway Date de naissance: 12/08/2015
Origines : Texane pure souche.
Métier : Etudiante.
Particularités : Hormis son regard insistant, presque dérangeant et une capacité à se mouvoir similaire à un félin, rien de notable.
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Description PhysiqueDu haut de son mètre cinquante six, elle ne paye pas de mine, mais c’est sans compter ce regard de sauvage où on perçoit une tension permanente. Une prunelle d’un ocre doré, embrasé en permanence, à vous scruter par dessous, prête à bondir au moindre mouvement suspect. Elle est aujourd’hui bien loin, la queue de cheval propre de ses entrainements de gymnaste, sa crinière aux cheveux longs est emmêlée, laissée à l’abandon, le plus souvent dissimulant une partie de son visage. Son visage est plutôt gracieux, des pommettes bien formées sans exagération, des lèvres charnues, des dents alignées, sans plombage, des sourcils arqués… Mademoiselle "propre-sur-elle" aurait pu faire des ravages si elle avait su sourire. Car en effet, lui en arracher un semblait plus compliqué que de réciter un dictionnaire en latin. La méfiance qu’elle affichait à l’égard de n’importe qui s’approchant trop près n’encourageait pas à ouvrir le dialogue… d’ailleurs, autant que de sourires, elle est avare de mots. Oui ça l’écorcherait, et de toute façon, ça ne sert à rien selon elle. On ne juge un individu que sur ses actes, les paroles peuvent toujours être biaisées.
Compliqué de deviner ses formes sous les vêtements qu’elle porte, mais elle semble plutôt manger à sa faim sans toutefois être obèse. Une peau d’albâtre qui n’aura pas trop trainé au soleil, sans doute aujourd’hui noircie de crasse mais qui semble toujours douce et fine… sauf au niveau des paumes où la peau est devenue rugueuse et pleine de corne. Prendre soin d'elle ne semble pas être une priorité. Une beauté sauvage.
Description PsychologiquePar où commencer, dans ce joyeux mélange d’asociabilité, de mépris et de crainte envers la gente humaine ? Déjà, quand tout allait bien, c’était pas le genre à aller sillonner les magasins de mode avec une meute de copines glapissantes, mais aujourd’hui… autant dire que lui dire bonjour, c’est déjà l’inciter à poser sa main sur l’arme qu’elle porte à la ceinture.
Ce n’est pas vraiment qu’elle n’aime pas les gens… c’est juste qu’elle ne les a jamais compris. Et ce n’est malheureusement pas ses courtes études optionnelles en anthropologie qui auront pu l’y aider. Elle s’est toujours sentie différente, dans sa manière de penser, de réagir. Pas vraiment bavarde, pas intéressée par les garçons ni par la mode, elle ne partageait que peu d’affinités avec les nanas de son âge. Alors, elle a préféré se dire que ce n’était pas « elle », c’était « eux » le problème.
Pourtant, elle est loin d’être stupide, mais elle se sent tellement plus à l’aise le nez plongé dans un bouquin ou un stylo à la main devant une feuille, à gratter la page pendant des heures.
C’est juste que « les gens »… ils lui font peur. Prêts à se battre pour un oui ou un non, à vous agresser pour trois billets en poche ou parce que vous avez mal regardé leur nana. Elle a fini par voir le mal partout et à se dire que cette épidémie ne ferait pas de mal à cette civilisation corrompue par la société de consommation et la superficialité ambiante. Non, pas de compassion, pas à ce stade.
En dehors de sa famille et de son chien, elle n’a jamais vraiment aimé personne alors comment dire ce qui serait différent avec des sentiments et des personnes qui sauraient l'apprivoiser ?
Histoire du PersonnageC’était enfin le printemps, après un long hiver teinté de la morosité de la pluie, du vent et du froid. Période de renaissance où les gens commencent à ressortir de chez eux, où de nouveau on a envie de croire que les beaux jours resteront toujours… On n’imaginait pas alors à quel point tout allait « renaître ».
Fawn – à prononcer « Faune » – était alors en dernier semestre, à l’université d’Austin. C’était une de ses institutions publiques relativement faciles d’accès pour la plupart des jeunes étudiants. Elle avait fait le choix de cet établissement pour sa proximité avec la maison de ces parents, ainsi elle n’avait pas à payer les frais d’une chambre (et supporter le poids d’une colocataire qui ne lui aurait pas convenu).
Ce serait trop facile de juger cette jeune demoiselle d’asociale, pour autant, la plupart des étudiants qui l’auront croisé pourraient vous en tirer un portrait qui la dépeindrait ainsi. Quand tout allait encore bien, à l’université, elle n’était parvenue à se ranger dans aucune case : ce n’était pas la copine d’un footballeur, ni une de ces têtes d’ampoules à la caboche bien remplie. Elle ne trainait pas avec les rebelles ni avec les hippies. Elle trouvait les grunges dégueulasses et les beaux gosses la hérissaient au plus haut point. C’était plutôt le genre de celle qui va se croire supérieure à ces pétasses de blondinettes avec leurs fringues super en vogue, qui va se la jouer cool avec ses jeans délavés et ses cheveux lâchés. Elle n’était pas très causante et se foutait royalement de devoir manger seule le midi. Les grandes après midi shopping avec une meute de copines, ce n’était pas trop son genre. D’ailleurs des copines, elle n’en avait pas. Enfin, sauf une…
Ainsi, tous les soirs, elle rentrait chez ses parents et cela lui convenait très bien. Son père était un chasseur passionné qui avait développé depuis quelques années le plaisir de l’archerie. Ainsi abandonnant son fusil, il était revenu à des méthodes ancestrales : pose de pièges et armes naturelles. Fawn l’accompagnait presque systématiquement et leurs balades en forêt duraient des heures. Des instants de complicité inégalés où le père transmettait à sa fille. Sa mère était une grande fan d’animaux, ayant elle-même grandi dans une ferme, elle avait voulu reproduire cet univers avec sa propre demeure. C’est ainsi que la famille ne se composait pas moins d’une dizaine de chats, de trois chiens, de deux chevaux, d’une basse cour bien garnie, de quelques moutons et d’un cochon nommé Sammy. La deuxième passion de sa mère était la France. C’est peut être cette double passion qui explique le nom étrange dont elle affubla sa fille… Une traduction bien malheureuse, à « l’américaine » comme on dit. L’un des chiens était d’ailleurs spécifiquement celui de la demoiselle : Kain, un rottweiler, pure race, doux comme un agneau. C’était aussi pour lui qu’elle n’avait pas voulu prendre une chambre au campus ; l’animal avait grandi à son contact et ils ne se quittaient qu’à grands renforts de gémissements et de caresses. Le lien qui les unissait était tout bonnement incroyable.
A défaut d’avoir des amis, elle avait plusieurs passions. Depuis son enfance, elle pratiquait la gymnastique (étant passée par le sol, la poutre, et la plupart des agrès, elle avait finalement porté sa préférence sur les barres asymétriques). Le sentiment de liberté qu’elle ressentait quand son corps dépassait ses propres limites n’avait aucune comparaison. Grande rêveuse, elle avait passé son enfance entre les acrobaties et les livres. Son domaine d’études supérieures n’avait d’ailleurs pas été compliqué à choisir pour elle : Lettres. Parmi ses cours favoris se mêlaient la philosophie, les grands auteurs de littérature et le journalisme. Elle avait d’ailleurs pris la décision d’axer son avenir dans cette direction pour l’année suivante. Elle avait également pris l’option Anthropologie… sans doute une manière d’essayer de comprendre mieux ses congénères, sans toutefois trop avoir à les approcher.
Bref, elle avait un chien, un père chasseur, une mère aimante, pas de frère ni de sœur, elle suivait de bonnes études, dans une bonne fac, elle ne prenait pas de drogue, ne perdait pas son temps avec des badineries. La famille idéale, la vie classique.
Comment tu voulais qu’elle survive dans ce bordel ?
D’ailleurs, techniquement parlant, elle n’avait pas vraiment survécu. Enfin, si. Enfin… c’est compliqué.
Quand tout a commencé… les reportages, les articles dans la presse, les vidéos aux infos. La famille a juste voulu continuer une vie normale, plongée dans le déni. Personne ne voulait y croire. Ils se croyaient à l’abri dans leur Texas où finalement il ne se passait rien, dans leur maison de campagne reculée, loin des grandes villes. C’est comme ces guerres interminables au Moyen-Orient, on sait que ça existe, mais c’est comme si ça n’était pas vraiment réel tant que ça ne se déroulait que dans nos écrans de télé. Pourtant, ça s’est vite amplifié, dégradé… Fawn, férue de ses études journalistiques, a voulu sauter sur l’occasion : un scoop cet événement, il y avait certainement une lourde vérité derrière ça, une attaque terroriste, une fuite du gouvernement… Malheureusement, la plupart des Etats ont rapidement été mis en quarantaine, coupant dans l’œuf ses envies volatiles de Pulitzer. Elle s’est donc contentée de retourner à la fac, alors que la plupart la séchait déjà. Elle réalisa que certaines personnes prenaient cela vraiment au sérieux, faisait de réelles razzias dans les supermarchés, dévalisant tout ce qui était denrées non périssables. Durant les semaines suivantes, elle s’est contentée de suivre avec passion les informations traitant du sujet à la télévision, effarée de voir l’ampleur du phénomène et le chaos que cela créait. Jusqu’à ce qu’elle tombe, sans y croire, sur l’annonce du dirigeant texan : fermeture des frontières.
C’est un des soirs qui suivit cette annonce, en rentrant chez elle, que tout a basculé. Elle entendit des larmes et une voix chevrotante, narrant un récit paniqué dès qu’elle franchit le seuil. Elle retrouva son père en train de désinfecter une blessure sur le bras de sa mère, avant d’y appliquer un bandage. Cette dernière, les yeux rougis, le souffle court, racontait de manière incohérente ce qui lui était arrivé :
« Ils sont… tous devenus fous, tu n’imagines pas Georges… Tous… Je faisais juste les… courses… je voulais prendre ce sac de riz… juste pour du riz… et elle s’est retournée… ses yeux… oh mon dieu, Georges, ses yeux ! Et je ne sais pas, elle m’a mordue le bras, comme ça ! J’ai hurlé et un homme avec un fusil… un fusil, tu te rends compte, en ville ! Il l’a… il l’a assommé avec la cr… crosse et… Ooooh… (sa voix se brise un instant et elle pose sa main valide sur sa bouche) Il a tiré… sur… sa tête… a … explosé… partout… sur le carrelage… sur mes chaussures… »
Se rappelant de ce détail, elle lève ses pieds et regarde ses chaussures dont l’état confirme le récit. Georges prit soin de mettre sa femme au lit ce soir là, de la border avec tendresse et lui dire que tout allait s’arranger. Quand il redescendit au rez-de-chaussée, il prépara en silence, le visage sombre, tout son matériel de chasse et l’aligna sur la table du salon.
« Fawn. On ne sort plus à partir de maintenant. On a tout ce qu’il faut ici pour tenir des mois. On va laisser passer la crise, l’armée va gérer ça. - Mais papa mes cou…. - C’est bien compris ?! » trancha t-il avec le ton le plus sec et le regard le plus noir qu’elle ne lui avait jamais vu. Elle ne répondit rien.
Terrée au fond de ses draps, elle entendit la nuit durant des hurlements de douleur en provenance de la chambre parentale, sa mère semblait en proie à une fièvre terrible. Le père de Fawn, complètement dépassé, tentait vainement de soulager un mal qui n’allait qu’empirant, Fawn devinait ses réconforts tremblants à travers les murs. Des bruits similaires à une lutte résonnèrent plus tard dans la nuit, mais la jeune fille se recroquevilla dans son
Le lendemain matin, elle constata que ses parents étaient cloitrés dans leur chambre. Elle s’approcha de la porte, leva son poing fermé pour toquer, mais finalement se ravisa et tourna les talons, en larmes. Voir sa mère dans cet état était trop dur, elle qui n’avait jamais vécu de drame, voyait en cette situation tout son univers s’effondrer.
Passant la laisse autour du cou de Kain, elle partit en promenade seule autour de la propriété, avec un besoin d’oublier. Au retour, encore aucune nouvelle de ses parents, la chambre bruissait légèrement de mouvements légers, de heurts contre les meubles, attestant de leur présence, mais plus un mot.
La nuit suivante fut peuplée de cauchemars, des créatures aux visages déformés envahissaient les rues, les campagnes, grattaient aux portes, rentraient par les fenêtres, hurlaient et grognaient comme des damnés, elle avait beau courir et se cacher, ils la retrouvaient sans cesse. Essoufflée, elle tentait de grimper, de se hisser pour fuir, mais une branche cassa sous son poids dans un grand bruit et elle se sentit chuter en arrière, happée par des milliers de mains griffues. Elle hurla…
Elle se redressa brusquement dans son lit, la crinière hirsute, en nage, le souffle court. Elle mit du temps à chasser les images qui l’avaient poursuivi. Son regard se déplaça lentement pour reprendre contact avec le décor familier et rassurant de sa chambre. Ce n’était qu’un cauchemar…
Elle sursauta en entendant un coup violent de l’autre coté de sa porte de chambre, sur le palier, comme si la porte de ses parents venait de s’ouvrir à la volée.
Elle plissa les yeux, incertaine et se releva d’un bond. Elle s’approcha, plaqua son oreille contre la porte. Il lui sembla juste percevoir un souffle, une respiration rauque. Elle tourna doucement la poignée et ouvrit le battant, inspectant le couloir.
Ses yeux arrivèrent sur la silhouette qui se découpait dans l’encadrure de la chambre d’en face, à peine à deux mètres d’elle.
« Ma… maman ? » murmura t-elle, presque inaudible.
La silhouette féminine, en chemise de nuit, les bras ballants, la tête légèrement penchée, les cheveux en bataille, ne réagit pas. Pourtant, c’était forcément elle.
Fawn répéta son injonction :
« Maman ! Tu vas mieux ? Pourquoi tu es debout au milieu de la nuit ? Tu devrais te repo… »
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, que sa mère avait relevé la tête dans sa direction, avec un mouvement sec, brusque, trop violent. Dans la pénombre, la prunelle luisit étrangement et tout le corps de la femme sembla se tapir sur lui-même et dans la seconde, s’élança, bras en avant vers l’étudiante.
Surprise, Fawn n’eut que le temps de l’éviter sur le côté en la repoussant des bras. Le front de sa mère heurta violement le chambranle de la porte et rebondit dessus. Mais, contre toute attente, elle ne s’effondra pas sous la douleur ou ne sombra pas dans l’inconscience. Bien au contraire, tournant de nouveau un regard plein de rage vers sa fille, elle repartir à l’assaut, la bouche grande ouverte…
Et c’est là qu’elle vit.
Le sang.
Sur toute la lèvre inférieure et le menton, la tâche vermeille et prune impossible à déceler à contre jour. Tout le corps de Fawn se serra d’une angoisse absolue. Elle recula précipitamment vers la chambre parentale et alors que sa mère refermait ses doigts griffus sur ses bras, la déséquilibrant, son pied heurta quelque chose sur le sol. Elle n’eut pas le temps de se poser la question qu’elle tombait à la renverse, le poids de sa mère hystérique sur le ventre. Elle s’écroula sur quelque chose de… Mou. Des vêtements… mou… mouillés… un corps ?
En hurlant, elle essayait vaillamment de repousser les tentatives de morsure de sa mère en la tenant par les cheveux et, esquivant une nouvelle attaque, elle tourna la tête sur le côté et se retrouva nez à nez avec la face livide de son père… enfin ce qu’il en restait. Un morceau de joue manquant offrait un trou béant jusqu’à la mâchoire.
« Pa… pa… pa… pa »
Comme en réponse à sa supplique, l’homme battit des paupières et gémit, visiblement encore vivant mais incapable de bouger.
Son souffle s’accéléra et elle eut l’impression que l’oxygène s’était raréfié soudain. Son emprise se relâcha sous le choc et elle sentit les dents s’enfoncer dans la base de son cou, déchirant la chair en une sensation de douleur inégalée. Tout avait d’un coup perdu son sens, dans les ténèbres de la nuit, il lui semblait que rien n’était vrai… était elle encore en train de rêver ?
La morsure sur son épaule lui prouva que non et elle poussa un hurlement sauvage en se débattant, attrapant son assaillant par les cheveux avant de l’envoyer voler par dessus elle. Le corps alla heurter le pied du lit en grognant.
D’un bond, elle se retrouva accroupie, une main au sol, une brève seconde, oubliant la douleur, la peur, l’automatisme du mode survie venant soudainement de s’enclencher dans son cortex cérébral.
Bouge.
Fawn patina des pieds sur le sol pour reculer, mais glissa dans la flaque de sang qui grandissait sous elle, mélange de sa blessure et… de son père. Sa mère se releva avec une position qui aurait pu être comique un autre jour, mais son regard vide et ses babines retroussées lui ôtèrent tout envie de même songer à sourire. Fawn heurta le mur derrière elle et sa mère se jeta sur elle avec un grognement bestial. La jeune femme leva le bras pour se protéger, et les incisives de nouveau, se plantèrent dans sa chair, en arrachant un gros morceau de nouveau. Nouveau hurlement de douleur… ou de rage ?
Son corps se mit en route sans demander son consentement au cerveau, repoussa le corps de sa mère en la frappant au visage, aperçut du coin de l’œil le morceau de peau sanguinolente qui pendait entre ses lèvres, ne s’attarda pas dessus, se releva avec la maladresse d’un bébé et fit volte face vers le couloir. Elle glissa sur le tapis, tomba, se releva, ne se retourna pas, fon ça vers l’escalier, dévala les marches, cogna le mur avec son épaule à l’angle, grimaça sous le choc, mais continua. Le salon. Elle entendit derrière elle les pas trébuchants, les grognements affamés. La table. C’est ça.
Elle saisit une flèche, se tourna, brandit le bras en l’air et tombant nez à nez avec le visage terrifiant de sa mère, abaissa la main. La pointe d’acier vint se ficher dans l’œil droit.
Immobilité. Silence.
Le corps tomba avec un bruit feutré sur le parquet du salon.
Mais c’était trop tard ; déjà elle sentait ses veines bouillir comme si de la lave en fusion y coulait. La fièvre s’était emparée d’elle. Elle marchait de long en large dans le salon, elle tenta de prendre une douche froide mais ses mains tremblaient déjà tant qu’elle ne parvint pas à actionner les robinets. Kain était là, à l’observer, le regard méfiant. Elle s’est finalement vautrée dans le grand fauteuil de son père, une couverture à carreaux la recouvrant presque intégralement. Elle avait l’arc à portée de main et le couteau de chasse sous la couverture. Sa vision se troublait, par moment, elle ne voyait plus que des formes floues avec la sensation que le sol se mettait à tanguer sous elle. La pulsation violente de son cœur gonflait toutes ses veines, résonnait contre ses yeux, elle se serait arrachée la peau avec les ongles si un dernier sursaut de conscience ne l’en avait empêchée. Le chien n’osait s’approcher, pourtant il semblait profondément perturbé par ce qui arrivait à sa maîtresse, il s’allongeait, le nez entre les pattes, gémissant, se relevant, tournant en rond, avant de recommencer. Le corps de sa mère était encore par terre, là, près de la grande table à manger. Impossible pour elle d’y toucher, encore moins maintenant que le moindre geste lui déchirait chaque organe d’une douleur à réveiller un mort.
Le temps était devenu une notion obsolète, secondes, minutes et heures se confondaient dans le carnage de cette souffrance. Impossible de discerner la réalité du rêve. La douleur était devenue omniprésente, lui faisait perdre toute conscience. Noir, il faisait noir, partout dans sa tête, derrière ses paupières et au loin, derrière ce brouhaha frénétique qui lui ankylosaient tous les sens, les hurlements de Sammy… les aboiements de Kain. Elle entrouvrit les yeux une seconde et aperçut une silhouette familière se déplacer vers elle, s’arrêter, puis finalement repartir. Son père ?… qui ça ? Cette notion, soudain lui parut étrangère, une sensation se faisait à grands renforts d’assauts psychologiques une place gigantesque dans son cerveau. Une faim dévorante, irrépressible… ses doigts se crispèrent comme les serres d’un rapace, tout son corps se tendit en un ultime spasme.
Et puis, brusquement, le noir.
Plus rien, le froid, les ténèbres, intenses et profondes, délivrantes.
Un homme avec une tête de petite fille qui s’approche d’elle et se penche comme si elle était dans un berceau… ou une tombe. Une voix qui résonne mais sans qu’elle comprenne les mots. Un tourbillon de brouillard et des hurlements. Une masse qui cogne contre sa tempe et une horde de bras tendus, qui gesticulent devant elle comme un océan de corps en décomposition qui se tortillent comme des vers.
Soudain, un flash violent, la lumière aveuglante, la douleur, elle s’éveilla, inspirant comme si elle n’avait pas respiré depuis une éternité.
Le réveil le plus douloureux de toute son existence. Elle revenait à la vie sans savoir qui elle avait pu être.
Equipement de Départ- Ration de nourriture - Arc en bois - Petit sac à dos
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| Equipement Porté : N/A Accessoires Pratiques : N/A Contenants Personnels : N/A |